“Les personnes ne sont pas encore descendues, on mange un bon gâteau !” A l’instar des agents municipaux, nos confrères de Mayotte la Première ont pris un léger retard durant la visite organisée chez Hamidouni Kambi et Binti Boina, sur les hauteurs de Tsararano. Il faut dire que le couple, tiré à quatre épingles pour l’occasion, est aussi charmant qu’accueillant après 46 années de mariage. Honoré pour sa longévité à l’occasion de la Saint-Valentin lors d’une visite diffusée en direct sur les pages Facebook de la municipalité et de Mayotte la Première, le couple s’est vu remettre un joli bouquet, et s’est montré -surtout madame-, intarissable sur ses secrets pour “faire durer l’amour”. Parmi lesquels figurent en bonne place “les bons petits plats”. D’où le gâteau ?
Mais la visite n’avait pour seul but que de saluer un couple solide de la commune. “C’est une initiative du président du CCAS qui est le maire, de vouloir valoriser l’union, le couple heureux, et des parentalités réussies” explique Zainaba Malidi, directrice du CCAS. Mais surtout à travers la St Valentin et ces témoignages, “il s’agit de faire un lien entre la vie de couple et la parentalité de façon assez particulière” . “Dans les chiffres de l’Insee et 2017, on se rend compte qu’on est classés au 4e rang des communes en termes de familles monoparentales, avec 1017 familles monoparentales recensées. Ce n’est pas à prendre à la légère dans la mesure où on a la conviction que pour une parentalité réussie, le ciment c’est le couple”.
La responsable se défend toutefois de tout amalgame. “Je ne dis pas qu’on ne peut pas réussir en élevant seul son enfant, mais on voit que quand on est seul, on cherche souvent une personne comme la mamie pour aider avec l’enfant. Donc on se dit que la parentalité réussie passe par le couple”.
Pour elle, la Saint-Valentin était un prétexte en or pour en parler. “La parentalité est souvent ici liée à l’insécurité. On a décidé de casser un peu cela en véhiculant un message positif en disant que la parentalité c’est aussi des couples durables”.
Une position partagée par Siti Kambi, la deuxième fille parmi les 9 enfants du couple, présente pour l’occasion. “On a été éduqués à l’ancienne, on écoute les parents, on respecte ce qu’ils disent, ils ont toujours raison. On nous a mis à l’école, on nous a permis de réussir dans la vie” salue la jeune femme. “On est là pour montrer à notre tour combien on les aime” poursuit-elle, remerciant ses parents d’avoir “montré un très bon exemple à leurs enfants”. “On essaye de prendre leur exemple, je suis mariée, mes soeurs sont mariées, à la musulmane, à la mairie, tout ça c’est l’éducation, c’est l’amour, et c’est grace à mes parents”.
Un modèle toutefois difficilement applicable à grande échelle. “Pour les jeunes d’aujourd’hui c’est pas trop ça, de nos jours, l’homme et la femme travaillent tous les deux, on ne se voit pas autant que les couples d’avant, même si on essaye ça ne sera pas pareil, les anciens étaient plus soudés que maintenant”. La clé pour elle, pour les parents d’aujourd’hui, c’est “la réconciliation après l’embrouille, il ne faut pas claquer la porte. L’amour, c’est aller vers l’autre pour que ça soit plus solide.”
Bien sur, montrer les couples qui ont tenu la durée ne constitue pas un modèle absolu. “Bien souvent on se marie jeune, mais à partir de 35 ans on a des gens qui ne sont plus en couple, et le plus souvent ce sont les femmes qui sont à la tête des familles monoparentales” souligne la directrice du CCAS. “On met en avant le fait qu’on a beaucoup de femmes dans cette situation. Ca peut être un choix de vie, pour les études, pour des questions de conviction, de façon de voir les choses”. La politique du CCAS c’est aussi celle de la main tendue. Parce que “élever un enfant seul, ce n’est pas facile, on peut mener des actions plus poussées en faveur de la parentalité”. Les parents sont donc cordialement invités à se rapprocher du CCAS, pour échanger ou solliciter un accompagnement.
Y.D.
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