25.9 C
Dzaoudzi
lundi 25 novembre 2024
Accueiljustice"La violence a été énorme" : le gang des voleurs de coffres...

“La violence a été énorme” : le gang des voleurs de coffres devant la justice

Sept accusés sur douze sont présents devant la cour d'Assises de Mamoudzou. Ils doivent répondre d'une quinzaine de faits de vols avec arme et en réunion, des crimes passibles de 30 ans de réclusion. Au 3e jour, le procès s'est penché sur la hiérarchie de la bande, et l'agression d'un entrepreneur handicapé, renversé de son fauteuil et molesté lors de son cambriolage.

Courageusement, l’ancien policier s’avance à la barre de la salle d’audience. Malgré sa prothèse de jambe, qu’il n’avait pas lors de son agression, il refuse la chaise proposée par le président Philippe Ozoux et témoigne de la scène d’horreur qu’il a subie avec son fils alors âgé de 9 ans. Ce jour du 11 mars 2016, il allait en effet être victime d’une bande qui sévissait depuis plus d’un mois dans tout Mayotte. Agriculteur et vendeur d’oeufs, l’homme fournissait des restaurants de toute l’île. A 23h, il était occupé à rédiger des factures à son domicile et bureau d’Ironi Bé, quand la bande a ciblé son logement. “L’alarme s’est déclenchée, mon fils s’est levé et m’a rejoint dans mon bureau. J’ai vu aux caméras que sur la terrasse, des gens s’en prenaient à ma fenêtre au pied de biche”.

Les images de la vidéo surveillance montrent la scène sous un autre angle : vu de l’extérieur, on voit une demi douzaine d’individus cagoulés, armés de barres et de machettes, forcer l’entrée du logement et y pénétrer. A l’intérieur, l’entrepreneur, récemment amputé d’une jambe suite à un accident de moto, joue la montre pour protéger son fils. “J’ai essayé de les empêcher de rentrer. Sur une jambe, j’avais placé mon fauteuil roulant contre la fenêtre qu’ils avaient explosée. L’un d’eux a passé la main avec une machette, j’ai reculé, reposé le fauteuil au sol et me suis rassis dessus.”
Le premier individu entre alors. “J’avais mon gamin derrière, j’ai crié à mon fils d’aller se cacher”. Pendant ce temps, l’homme tient le bras du premier assaillant. “Un autre excité m’a porté un coup de pied de biche, ils ont basculé le fauteuil et j’ai senti deux gros coups de pied”.

Le président Ozoux s’entretient avec Me Hesler, avocat de la partie civile

Quelques instants plus tard, la vidéo montre la bande quitter la maison avec un coffre fort, qui s’avérera vide, une caisse contenant 2400€ et un ordinateur portable. “On a passé une sale période” témoigne la victime. Son témoignage pointe aussi un élément clé du procès fleuve qui doit durer jusqu’à mardi prochain : une hiérarchie, permettant de qualifier la circonstance aggravante de bande organisée. Pour l’entrepreneur, il y avait “un chef”, torse nu, que l’on voit sur la vidéo. Selon la victime, pour qui “la violence a été énorme”, cet homme donnait des ordres aux autres, et était un des premiers à entrer.

Ce chef, ce serait un certain “Oasis”, en fuite aux Comores depuis l’ouverture de l’enquête, et qui y coulerait des jours heureux avec l’essentiel des quelque 235 000€ volés en moins de 6 mois.

Car l’agression du vendeur d’œufs s’inscrivait dans toute une démarche de vols violents, ciblant principalement des coffres forts. Et selon le directeur d’enquête de l’époque, auditionné en visio-conférence ce mercredi matin, Oasis est bien identifié comme un des leaders du groupe, aux côtés d’autres “cadres”.

Pour l’ancien enquêteur de la section de recherche de Pamandzi, la “bande organisée” s’était “aguerrie avec le temps”. Un noyau dur d’une demi douzaine de malfrats, qui se gardaient le gros des butins, faisait appel à des complices éphémères dans les quartiers cambriolés pour faire le guet notamment. Longue comme le bras, la liste de faits reprochés à la bande compte pas moins de 15 cambriolages suivant le même mode opératoire, que ce soit à Bandraboua, Iloni, Mzouazia, Bandrélé ou encore Kawéni, le groupe, mobile, ne rechignait pas à faire de la route pour dérober, de nuit et avec des armes, des coffres forts, dans des magasins et entreprises diverses. Et quand ces derniers étaient trop bien fixés, ils repartaient par défaut avec des cigarettes et de l’alcool. Mais “à chaque fois, le coffre était la cible numéro 1” assure l’ancien directeur d’enquête.

Le dossier fait plusieurs centaines de pages

Alors que le procès n’en est encore qu’à l’instruction des faits reprochés, de premiers éléments de défense ont commencé à germer. Pour limiter la responsabilité de certains protagonistes identifiés comme “cadres”, un temps désignés par leurs complices et curieusement innocentés par ces derniers devant la Cour. Ou en affirmant pour un autre avoir simplement voulu nourrir sa famille en volant de la nourriture, dans un contexte de décasages par la population. Autant de déclarations contredites par les auditions des uns et des autres que le président a soulignées sans se laisser perturber par l’apparente complexité d’un dossier hors normes par le nombre d’accusés, de victimes, et par la durée de l’audience de 10 jours, mais qui au fil des heures passées à en décortiquer les arcanes, dresse surtout le procès d’une bande piégée par son propre sentiment de toute-puissance, et de l’ADN laissé un peu partout. Le plus grosse tâche des magistrats et des jurés sera sans doute de s’accorder sur les responsabilités de chacun quand il faudra, mardi prochain, établir une autre hiérarchie, celle des peines à prononcer pour les éventuels condamnés.

Y.D.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...