« Une gestion catastrophique », c’est ce que dénonce le communiqué du syndicat qui n’en est pas à son premier coup d’éclat quant à la gestion du réseau électrique de l’île.
Surfant sur les derniers incidents techniques ( « Une semaine après le blackout de la St Valentin, ce lundi 21 février 2022, une partie de la population de Mayotte s’est vu retiré l’électricité suite à un incident à la centrale de Longoni »), la CGT-ma maintient que ses coupures auraient pu ne pas voir le jour : « Cet évènement aurait pu ne pas avoir de conséquences pour la population si trois groupes de production d’électricité sur les huit, n’étaient pas déjà en panne ». En cause selon le syndicat l’arrivée du groupe Quaero, société de gestion de fonds dans le capital d’EDM. En janvier 2020 l’arrivée du nouvel actionnaire n’avait pas manqué de faire réagir sur l’île. Jusque alors, le capital d’EDM était constitué du conseil départemental à 50,01%, de EDEVE, filiale financière d’EDF à 24,99%, de la SAUR (Société d’Aménagement Urbain et Rural) à 24,99%, et de l’Etat à 0,01%. La SAUR avait alors souhaité se désengager, c’est le groupe français Quaero qui s’imposait en repreneur.
Alors, l’intersyndicale EDM avait rejeté en masse cette arrivée. Salim Nahouda, porte-parole, avait déclaré que « Nous ne voulons pas d’un fonds de pension privé ayant vécu une expérience douloureuse avec SAUR en matière de relations humaines, sur nos services de comptabilité et de gestion ».
Une relation de désamitié entre le nouvel actionnaire et les syndicats qui semble se prolonger encore aujourd’hui. Dans son communiqué, la CGT-ma explique que selon elle, « Ces pannes sont le fruit des nouvelles politiques de maintenance mises en place depuis l’arrivée du groupe Quaero dans le capital d’EDM, privilégiant le dépannage suite à avarie que celui préventif… La direction d’EDM suit les recommandations du groupe Quaero et travaille de plus en plus au bas coût ! ». Le syndicat s’appuie alors sur deux exemples. D’abord, il avance que « L’incident du 14 février 2022, entrainant le blackout était dû à un défaut de matériel sur la production solaire photovoltaïque du poste électrique de Jumbo Score. Bizarrement, celui-ci fait suite au transfert d’exploitation de ce site de Schneider à Totalénergie avec le remplacement de matériels ». Autre exemple mis en avant : « il y a deux mois, la mise en service désastreuse du nouveau poste source électrique haute tension de Sada, qui, malgré les alertes de certains salariés, est passée en force amenant la détérioration d’une grosse partie du matériel installé… ». Autant de faits que la CGT résume par cette simple phrase : « Une nouvelle fois, la gestion à bas coût fait payer l’addition à la population ».
Ainsi, reprenant la revendication de 2020, le syndicat fait part de sa volonté de voir les parts de Quaero reprises par EDF.
Allant plus loin encore, la CGT remet en question les nouvelles évolutions d’EDM et son entente avec Totalénergie quant à l’utilisation de biomasse liquide à l’usine des Badamiers, « le changement des outils d’exploitations des réseaux par un système métropolitain qui ne peut être adapté à Mayotte compte tenu des infrastructures de communication complexes ».
Modernisation rimerait avec « avenir douloureux pour la population » ? C’est qu’avance le syndicat, incitant le conseil de surveillance à s’emparer de l’avenir d’EDM.
De son côté, la direction d’EDM que nous avons pu joindre n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, et décide de rester en dehors de la polémique : « No comment ».
L’énième épisode d’une lutte qui dure depuis longtemps maintenant, mais un communiqué signé au seul nom de la CGT-ma et non de l’intersyndicale. Quid des autres organisations syndicales ?
Comments are closed.