La direction de la Sodifram a saisi la justice en référé pour obstruction. La grève entamée hier dans le groupe de distribution semble dans une impasse.
Le deuxième jour de grève à la Sodifram pourrait passer inaperçu pour les consommateurs, tous les magasins étant ouverts. Pourtant, la situation se crispe. Devant le siège de la société de distribution, à Kawéni, une cinquantaine de salariés en grève ont dressé un piquet, ce mardi matin, empêchant les camions de rapprovisionner les supermarchés. Face à la perspective de voir les rayons se vider, la direction a pris la décision de saisir la justice en référé pour obstruction et ainsi obtenir la réouverture de la rue menant à la zone de logistique du groupe.
«On doit défendre les autres salariés qui ne font pas grève et bien entendu nos clients. Sans clients, il n’y a pas d’entreprise», faisait valoir Emsi Volonaki, la présidente du groupe Sodifram.
Un délégué syndical au cœur du conflit
La grève a débuté ce lundi, autour du sort réservé au délégué syndical FO, jusqu’à ce jour unique syndicat du groupe. Taanlabi Mouhoudhoir explique ne plus percevoir de salaire que pour les 35 heures mensuelles de représentation syndicale qu’il effectue. Les 134 heures restantes ne lui ont pas été versées en mars et avril.
«Depuis 2002, je ne peux plus assurer ma mission, j’ai d’ailleurs été remplacé à mon poste, fait valoir Taanli Mouhoudhoir. En tant que délégué syndical, délégué du personnel, membre du comité d’entreprise (CE) et de la CHSCT*, un contrat moral avec l’entreprise reconnaissait que mes fonctions de représentation occupaient largement un temps plein. Pourquoi, la Sodifram veut-elle remettre ça en cause aujourd’hui ?»
La direction affirme avoir prévenu son délégué syndical. Pour elle, le fonctionnement de l’entreprise doit revenir à une situation plus en ligne avec les règles. «Nous avons 32 personnes dans les instances sociales de l’entreprise. Huit délégués du personnel plus huit suppléants, six membres du CE et six suppléants et enfin trois membres de la CHSCT. Toutes ces personnes sont rémunérées pour leur temps de représentation mais elles continuent d’occuper leur poste de travail», souligne Serge Dolinski, directeur adjoint de la société.
D’autres points sont mis en avant pas les grévistes, laissant la direction sceptique. Il y a le dossier des prêts mis en place en CE. Ce sont des avances remboursables pour que les salariés, contraints de faire un long trajet pour se rendre au travail, puissent s’acheter un moyen de transport. «Le syndicat craignait que cela n’ampute les budgets sociaux. Nous leur avons fourni la garantie qu’il s’agit d’un fonds stable, à part», relève la direction.
Quant aux primes de froid pour les personnels travaillant en zones réfrigérées, le syndicat souhaite les étendre à des salariés qui ne sont pas concernés à l’heure actuelle. Là encore, la direction affirme vouloir se pencher sur des cas particuliers.
Une grève à six mois des élections syndicales
Au final, Force ouvrière se dit particulièrement remontée tandis que la directrice de la société fait part de sa déception affirmant que sa porte est toujours ouverte.
FO reconnait d’ailleurs que la mise en place de l’intéressement a été signée, qu’un accord de principe a été acté pour des comptes épargne-temps et qu’enfin, des fiches de poste sont en cours d’élaboration pour chaque salarié. «C’est une cinquantaine de personnes qui est en grève. La majorité satisfaite est toujours silencieuse», soulignait Serge Dolinski.
A six mois des élections internes à l’entreprise, une partie de cette grève va donc se jouer au tribunal. Le dernier mouvement social à la Sodifram remonte à avril 2013. Il faisait suite au licenciement d’un salarié pour faute grave.
RR
Le Journal de Mayotte
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