Au delà du grand chantier de transports en commun Caribus, de celui de rénovation urbaine de Kawéni, et des grands plateaux sportifs couverts de Baobab et M’gombani, la commune de Mamoudzou poursuit sa mue. Ses partenaires pour les chantiers cités ci-dessus, sont de nouveaux sollicités pour mener le « Projet de Ville Mamoudzou 2030 », avec l’ambition de redéfinir son paysage et les services à la population. Et notamment, pour créer d’autres réseaux de circulation routière pour désengorger la nationale.
C’est kofia du vendredi sur la tête que le premier magistrat de la commune, Ambdilwahedou Soumaila, détaille les grandes lignes de son projet de territoire à mener d’ici 2030 et qui se monte à 400 millions d’euros.
Il concerne bien plus que les 71.000 habitants qui y vivent (28% de la population de l’île), puisque c’est quasiment Mayotte en entier qui défile dans le chef-lieu qui accueille la moitié des emplois du secteur privé et la majorité des administrations publiques du territoire. La plupart étant situées sur Kawéni, le maire souhaite « un rééquilibrage géographique », avec de nombreux projets structurants.
Le projet de ville comporte 123 actions réparties en 6 axes stratégiques : la propreté urbaine, l’excellence éducative, la jeunesse et l’excellence sportive, la tranquillité publique, l’aménagement, et l’attractivité.
Avec un budget communal de 100 millions d’euros, il va falloir actionner des bras de levier costauds pour parvenir aux 400 millions d’investissement annoncés. « Nous travaillons avec nos partenaires dont l’AFD, l’Agence des territoires et évidemment sur le programme 2021-2027 des fonds européens. Nous voulons produire des dossiers ficelés pour être certains d’être pris. » La commune compte également augmenter ses recettes fiscales, sans augmenter les taux, mais en jouant sur l’assiette fiscale qui n’est que de 20% actuellement, « nous espérons couvrir 60% des contribuables à la fin de la mandature ». Un travail est mené avec la Direction des Finances publiques.
« Nous n’aurons plus besoin de passer par la Nationale »
La moitié de l’investissement total est consacrée à l’aménagement, 221.000 millions pour un palais des congrès, l’amélioration du village de Tsoundzou 2, une ZAC à Doujani, une mairie annexe à Mtsapéré, un front de mer toujours rêvé mais jamais réalisé, etc. Ce dernier est multipartenarial, puisque mené avec la CCI, la CADEMA et le conseil départemental qui doit délibérer à ce sujet le 7 avril. En mai, devraient être lancés les travaux pour le 1er stade municipal de 1.200 places à Tsoundzou 1.
Mais surtout, le maire cible des connexions intervillages susceptibles de décongestionner le réseau routier. Echaudé par le retoquage de son audacieux plan de circulation alternée des plaques d’immatriculation paires et impaires, Ambdilwahedou Soumaila a sollicité un cabinet qui rendra ses premières propositions sur l’étude de faisabilité en avril, « nous avons déjà bien avancé sur la liaison entre les collèges de Tsoundzou et de Passamainty, nous n’aurons bientôt plus besoin de passer par la Nationale. » Le conseil départemental abonde à hauteur de 1,5 million d’euros pour ces liaisons, « qui seront évidemment complétées par le grand projet de contournement urbain ».
Dessiner l’après « bidonville »
Des artères secondaires qui vont devenir indispensables pour orienter la circulation alors que de nouveaux établissements scolaires sont en prévision, « un nouveau lycée à Tsoundzou, et de nouveaux collèges à Vahibe et Cavani ».
En matière d’aménagement, la rénovation urbaine de Kawéni (ANRU) avait pris quelques retards, « dès le début de notre mandature, nous l’avons relancé et gymnase, restaurant scolaire et internat prévus à l’ANRU vont être réalisés. » Ce que l’on nommait jadis sous l’acronyme NPRU attaque une nouvelle mutation, « sur Kawéni, nous étions sur de l’ANRU 2, et nous demandons que les hauteurs de Cavani bénéficient d’un classement en ANRU 3, la dernière version de ce programme de rénovation urbaine ». C’est très difficile pour un quartier d’être choisi sur ces politiques de la Ville de l’Etat qui bénéficient de financements conséquents, mais l’élu veut y croire.
Signe des temps, on ne se pose plus dorénavant la question de savoir si il y aura des logements sociaux, mais où ils seront implantés, pour « garantir une mixité sociale », assure le maire LR avec son franc parler : « C’est important. On ne veut pas de ghetto d’un côté et de concentré de ‘richards’ de l’autre, la preuve à Hamaha où nous avons rajouté des logements sociaux au milieu des Hauts Vallons ».
On voit que l’après « bidonville » se dessine, avec la volonté de faire en sorte que « les familles vivent dignement », mais sans hyper concentration, « même au niveau des recettes fiscales, ce ne serait pas une bonne chose ». Faire de « l’intermédiaire » est une des solutions envisagées.
Anne Perzo-Lafond
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