La compagnie pétrolière a fait découvrir ses installations de Longoni à quelques partenaires et gros clients. Peut-être aussi une façon de rappeler que sans la loi Lurel, une troisième cuve géante serait en chantier.
Il ne manquait que le tapis rouge. Pour la première fois, Total ouvrait les installations de sa filiale de stockage SMSPP de Longoni à une trentaine d’invités, institutionnels, clients et partenaires ce jeudi matin. Un changement d’époque pour la société qui a décidé de valoriser les investissements qu’elle a réalisés dans notre département mais aussi son personnel. La fierté des salariés était d’ailleurs évidente aussi bien dans la salle de contrôle que lors de la démonstration du remplissage des citernes.
A proximité du port, les deux immenses cuves de 8.800 m3 chacune ont été achevée en 2009 après deux ans de travaux et 32 millions d’euros d’investissement. L’une permet le stockage du gazole, l’autre du Super. L’équipement, qui n’avait jusque là jamais été réellement présenté, mérite pourtant qu’on s’y arrête car il fait référence à l’échelle nationale. Des réservoirs à double enveloppe et à double fond n’existent nulle part ailleurs en France, un gage de sécurité pour le personnel comme pour l’environnement. En Métropole, les équipements sont plus anciens et la surcapacité ne permet plus de construire de telles structures.
La Métropole intéressée par les équipements de Mayotte
Ces cuves sont au centre d’un réseau de pipe-line qui les relie au port, à 2 km, et à la centrale de production électrique d’EDM à 1km. Depuis la salle de commande, elle aussi ultra-moderne, l’ensemble de l’activité est contrôlée, du niveau des cuves jusqu’à l’approvisionnement d’EDM qui est géré depuis le système informatique du dépôt. «On nous appelle de Métropole pour connaître les procédures que nous avons mises en place à Mayotte car nous sommes pionniers dans cette gestion centralisée», relevait Madi Souffou, le responsable du dépôt SMSPP-Total de Longoni.
Madi Souffou prend le temps d’expliquer la gestion des vapeurs dans les stations ou au dépôt. Il détaille, au bord du lagon, les techniques de déchargement des tankers de 45.000 tonnes grâce à un bras articulé manœuvré par un système hydraulique (un investissement de plus de 500.000 euros). C’est donc une entreprise à la pointe de la technique qui s’est présentée sous son meilleur jour.
De Margerie en visite au ministère
Mais cette soif nouvelle de communication ne vient pas seulement combler le long silence d’une entreprise au cœur de l’économie mahoraise. Elle fait encore écho au bras de fer national avec Victorin Lurel et à l’encadrement des marges des pétroliers qui en avait découlé.
A l’écart de la visite du jour, Pascal Gautron, le président de Total Mayotte, indiquait que cette loi a eu pour conséquence de geler de nouveaux investissements de la compagnie dans notre département. Une nouvelle cuve géante devrait actuellement être en chantier à Longoni, un investissement de près de 11 millions d’euros et de nombreux emplois mis en stand by.
Hasard du moment, cette visite de Longoni intervenait d’ailleurs le jour où Christophe de Margerie, le PDG du groupe Total, était reçu par George Pau-Langevin, au ministère des Outre-mer. Le ministre a changé, pas la volonté du groupe de retrouver un «retour sur investissement» suffisant pour engager de nouveaux chantiers.
Le défi EDM
Cette période n’empêche pas pour autant la société de se préparer aux prochains défis à relever. A partir de novembre 2015, avec la mise en service à plein régime de la centrale EDM de Longoni, les deux énormes cuves devraient être exclusivement dédiées au gazole pour alimenter l’électricien. Le Super sera alors stocké dans la «petite» cuve de 1.000m3 et aux Badamiers, un volume bien suffisant pour alimenter les véhicules.
L’ensemble du dispositif logistique est prêt car EDM n’est pas un client comme les autres. Il représente quasiment les deux tiers de la consommation en carburant du département.
RR
Le Journal de Mayotte
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