Et un demi point-Godwin pour Stéphane Lamart. Interrogé sur le recours en justice que ce militant des droits des animaux a fait déposer contre l’arrêté préfectoral de régulation des chiens errants à Mayotte, le fondateur de l’association dérape rapidement.
“Je comprends que le préfet doive réagir mais la manière n’est pas humaine, on espère qu’il ne fera pas la même chose avec les humains sur Mayotte on se disant il y a trop de délinquance alors on sort les armes !”
L’extrapolation consistant à comparer la régulation des animaux à un génocide n’est pas nouvelle, et ne sert pas la cause qu’elle est censée défendre. En revanche elle en dit long sur le caractère ultra sensible de la question de l’abattage des chiens dangereux, qui semble mobiliser bien plus farouchement en métropole que la protection des tortues et des populations ici à Mayotte.
“Scandaleux et honteux” commente ainsi une internaute sous notre article du 24 mai dernier partagé par un candidat du parti animaliste de Montpellier, Eddine Ariztegui.
“Monsieur le Préfet de Mayotte, arrêtez de faire tuer les chiens errants. Il est possible de les stériliser et de les faire adopter à la place. Au lieu de financer les chasseurs, l’Etat doit subventionner des refuges qui auront les moyens de s’occuper des animaux errants en attente d’adoption” plaide ce dernier sur sa page.
Une position également défendue par Stéphana Lamart. Pour lui, Mayotte “c’est un beau paysage mais la carte postale est ternie par les tueries de chiens qui se font avec l’accord du préfet (…) L’homme préfère sortir les armes que se servir de son cerveau” s’indigne-t-il. “La solution, c’est la stérilisation” assure-t-il. Plutôt qu’un tir de fusil qui “cause des souffrances”, il plaide pour “les capturer, les anesthésier, les faire examiner par un vétérinaire”. Ensuite, direction l’adoption, ou pour les chiens enragés, l’euthanasie. “Si des animaux doivent mourir, que ce soit dans des conditions plus humaines. La stérilisation est la seule arme pour remédier. Il y aura forcément des euthanasies pour certains animaux mais il faut le faire humainement” insiste Stéphane Lamart.
Sur le papier, la proposition semble de bon sens. Mais si l’on considère les chiffres (de 2016) estimant entre 10 000 et 20 000 le nombre de chiens errants dans notre département, la méthode, quoique moins sanglante, semble bien difficile à mettre en œuvre.
En attendant, si la première réponse est l’attaque en justice, “On n’est pas là pour critiquer ou pointer du doigt” assure le militant, “mais pour trouver des solutions et accompagner une population, on veut faire des choses ensemble”. Parmi ses autres propositions : mobiliser le procureur et les forces de l’ordre, pour faire de la prévention et punir les actes de maltraitance. Ce qui se fait déjà… quand c’est possible.
Au niveau local, la mobilisation existe aussi : l’association Maeva a lancé une pétition en ligne pour réclamer “des méthodes qui ne recourent pas au tir à vue : capture au filet, fusil hypodermique, cage trappe” (…) Par ailleurs les forces de l’ordre à Mayotte ont déjà fait la preuve de méthode plus raisonnées, à l’instar des interventions de police en partenariat avec la fourrière et la collaboration de cette dernière avec nos actions. C’est ainsi que l’an dernier 21 chiens ont pu être saisis par la police et tous placés à l’adoption” plaide encore l’association locale.
Si cette polémique, dans laquelle l’émotion a mordu le champ de la raison, pousse certaines associations à gros moyens à investir à Mayotte dans des vétérinaires et des mesures d’adoption à (très) grande échelle, toute cette affaire qui mobilise jusqu’à des personnalités connues aura peut-être servi à quelque chose. Sinon, à charge aux tortues et aux victimes d’agression de se pourvoir en pétition.
Y.D.
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