« Le message que nous voulions faire passer c’est qu’il y a une dynamique et une volonté forte chez les jeunes mahorais de s’insérer dans des dispositifs nationaux et de participer à la construction d’une culture commune que ce soit à Mayotte ou en métropole ». Les propos de Loetizia Fayolle, inspectrice d’académie, révèlent la symbolique de la cérémonie républicaine en l’honneur des lauréats du CNRD et de la Flamme de l’égalité.
« L’engagement de cette jeunesse tord le cou aux idées reçues et aux stéréotypes de violence », souligne l’inspectrice, avant de poursuivre, « l’objectif c’est que les jeunes aient conscience que ce qu’ils font en classe leur permet de construire leur identité citoyenne ». En effet, les concours scolaires, au travers d’un travail d’histoire et de mémoire, contribuent d’incarner l’engagement dans le cadre d’une culture civique.
Le Concours National de la Résistance et de la Déportation
Plus ancien concours scolaire, institué en 1961, la thématique 2022 du CNRD portait sur « La fin de la guerre. Les opérations, les répressions, les déportations et la fin du IIIe Reich (1944-1945) ». « Concernant ce concours, il ne semble pas forcément avoir a priori de résonance dans la mémoire collective mahoraise puisque la résistance et la déportation ont essentiellement concerné la métropole, explique Loetizia Fayolle. Pourtant, constate-t-elle, nous avons vu des élèves s’emparer de cette problématique ».
En témoigne le travail réalisé par le collège de Labattoir ayant travaillé sur un fait marquant de la résistance française dans le Nord de la France. Alors qu’un groupe de résistants font exploser un train en avril 1944, l’occupant, en représailles, massacre une partie de la population du village d’Ascq. « Les élèves ont réussi à transposer ce fait dramatique en une réalisation artistique de très grande qualité avec la mise en place d’un roman photo expressionniste », se réjouit Loetizia Fayolle.
Concours de la Flamme de l’égalité
Ce sont 25 élèves de classes de 4e du collège de Bouéni qui ont été les lauréats
académiques du concours de la Flamme de l’égalité pour avoir composé la chanson « Oussikitifou wa mrumwa boure » (L’amertume de l’esclave) décrivant l’esclavage à Mayotte. Ce concours créé en 2015 porte sur la mémoire et l’histoire de l’esclavage et permet d’appréhender les nuances entre ces deux notions. En outre, le prix spécial du jury est revenu aux élèves du collège de K1 pour leur clip vidéo « La brûlure des ancêtres » présentant l’esclavage d’hier et d’aujourd’hui à partir des archives départementales de Mayotte.
« Cette cérémonie a constitué un moment supplémentaire pour les élèves de s’approprier encore davantage les valeurs de liberté, de solidarité et d’égalité », précise l’inspectrice, avant de conclure « il s’agit d’un beau message et aussi d’un contre message par rapport à ce que l’on vit actuellement ».
Pierre Mouysset
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