Nous en parlions dans notre précédente édition, le solaire a le vent en poupe à Mayotte, où le plan pluriannuel de l’énergie préconise de tendre vers plus d’autonomie, alors que l’essentiel de l’électricité actuellement produite est d’origine thermique.
La Ville de Koungou a fait le pari d’allier cette nécessité à celle d’intégrer économiquement les plus fragiles, alors que les opérations de lutte contre l’habitat insalubre risquent d’aggraver la précarité sur l’île si les “décasés” ne sont pas accompagnés correctement.
La mairie s’est donc rapprochée de l’association indienne Barefoot College International. Nous l’évoquions en août 2021, cette association s’est donné pour mission de former des femmes en situation de grande précarité à l’installation de panneaux photovoltaïques. Derrière, un double enjeu : leur donner les clés d’une vie d’entrepreneure rentable pour elles et pour leur quartier, et offrir à ce dernier une source d’énergie propre et autonome.
Bastien Camps, de la mairie de Koungou, indique que ce projet a depuis lors bien avancé.
Indépendance énergétique
“On a sélectionné 4 femmes du quartier Carobolé, où il y a eu une démolition l’année dernière, elles vont partir pour trois mois au Sénégal où l’association dispose d’un centre de formation” indique le responsable du projet. Avec cette formation qui durera jusqu’en octobre, “ce seront les premières Solar Mamas de Mayotte, à leur retour elles pourront appliquer ce qu’elles ont appris en installant des kits photovoltaïques sur des logements provisoires de la ville de Koungou destinés à des personnes dont le logement a été démoli dans le cadre d’opération de résorption de l’habitat insalubre (RHI)”. Le projet comportera 30 à 50 logements situés à Majicavo Koropa. Les Solar Mamas, également formées à la gestion d’entreprise, seront alors associées à une micro-entreprise qui participera au développement économique du quartier avec un projet d’installation, de vente mais aussi de réparation de panneaux solaires. “A terme, l’enjeu c’est de mêler à ce projet d’autres personnes, et qu’il y ait une association avec des bailleurs sociaux comme la SIM. L’idée c’est qu’elles puissent installer des panneaux solaires sur des logements d’accession sociale. Enfin ce qu’on aimerait c’est qu’un centre de formation ouvre à Mayotte”. En effet, les questions de frontière avec Madagascar ont freiné le projet initial d’y envoyer les quatre Mahoraises, alors que l’association Barefoot College y a un centre de formation bien plus proche que celui du Senegal Un centre de formation basé à Mayotte aura l’avantage de mieux former aux normes françaises. Restera enfin à “développer l’auto-consommation, si on veut que Mayotte soit indépendante sur le plan énergétique” conclut Bastien Camps.
Y.D.
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