“Les pratiques artistiques transforment-elles le monde” ? Ou “Revient-il à l’Etat de décider de ce qui est juste ?” Et vous quel sujet auriez-vous choisi si vous aviez dû passer l’épreuve de philo ce mercredi, à l’instar de quelques 3900 élèves à Mayotte ? Peut-être auriez-vous penché pour le commentaire d’un texte de 1951, qui traite de démarche scientifique et semble avoir été écrit à l’aune de la crise sanitaire et des fake news ?
Quoi qu’il en soit, c’est un baccalauréat décidément très politique et d’actualité qui a été proposé aux élèves, pour la seule épreuve commune ayant résisté aux réformes récentes du baccalauréat : la philosophie.
Pour ce moment important pour les élèves, le recteur Gilles Halbout avait tenu à être présent, pour découvrir les sujets en même temps qu’eux.
“Symboliquement c’est important d’être avec les équipes pour ce qui est la dernière épreuve commune passée par tous les élèves, à partir de la semaine prochaine ils vont passer les grands oraux. Il y aura aussi jusqu’à la fin certaines options. C’est important parce que ça marque la fin d’un cycle, et pour beaucoup d’élèves, c’est déjà le début d’une projection vers les études supérieurs puisqu’ils ont déjà pour la plupart des résultats positifs pour leurs vœux sur ParcourSup. A cette heure, on a plus de 90% des élèves dans la voie générale qui ont des réponses positives.”
Avant de rejoindre l’enseignement supérieur, il aura donc fallu en passer par cette épreuve, sans doute en s’inspirant de l’actualité, mais sans oublier ses cours. Les élèves ont en effet pris le temps de “bachoter” toute la semaine précédente, selon le proviseur adjoint Manuel Borego selon qui “les enseignants les ont bien préparés”.
Le recteur lui, est déjà impatient de voir les productions qu’auront inspiré ces questions aux élèves. “La question sur l’art et la culture, ou sur ce que fait l’Etat et ce qu’on en attend, ce sont deux questions qui sont d’actualité partout en France et en particulier sur Mayotte, il sera intéressant de voir ce que les élèves auront fait et quel aura été leur prisme d’attaque sur ces sujets universels. On sort d’une période électorale, avec un questionnement sur l’Etat, et concernant la culture, avec tout ce qui a été fait pour la rendre accessible dans les zones les plus éloignées, il sera intéressant de voir ce que les élèves en auront retenu”.
Au final, ils auront été près de 3900 à plancher sur le même sujet à Mayotte, dont 94 en candidats libres , le plus âgé ayant plus de 50 ans. En tout, 4051 candidats passent le bac cette année à Mayotte.
“C’est intéressant de voir que le bac reste un diplôme utile et reconnu” salue le recteur. “En termes de statistiques, on voit que le nombre de candidats croît de près de 9% dans la voix générale, et c’est similaire dans la voix professionnelle qu’on a beaucoup développée depuis 2 à 3 ans. Cela veut dire que l’accès à la scolarisation jusqu’à 17 – 18 ans est ouvert à une plus grande partie de cette classe d’âge. En tout ce sont 5500 élèves qui passent le bac, tous bacs confondus, dont 1800 en voie technologique et 1500 en voie professionnelle”. Seuls ces derniers ne passent pas la philo, optionnelle en voie professionnelle.
L’autre grande question, sera celle de la réussite globale, sur un territoire où le taux de réussite est chaque année bien inférieur à la moyenne nationale. “On a encore un travail à faire sur la scolarisation précoce” indique Gilles Halbout “et sur l’apprentissage de la lecture, l’éducation prioritaire, tout ça portera ses fruits dans quelques années. Certes on progresse mais il reste beaucoup de travail à faire. Mais pour les 80% qui réussissent, ils sont pris dans l’enseignement supérieur, obtiennent des écoles et des prépas en corrélation avec ce qu’on peut voir ailleurs, les 80% sont du même niveau que les 95% des autres académies.
D’où les filières d’excellence, pour que ces élèves ne pâtissent pas du fait d’avoir fait leurs études à Mayotte, sans oublier les 20 à 30% qui sont plus en difficulté. Il faut aussi qu’on mette plus de moyens pour qu’ils rattrapent leur retard. Dans le Mayotte de demain, on ne pourra pas avoir de jeunes qui n’ont pas les notions communes. Il faut faire le nécessaire pour qu’aucun jeune ne quitte le système éducatif sans diplôme, sans formation, et in fine, sans métier.”
Y.D.
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