« C’est une excellente nouvelle puisque nous allons avoir de l’énergie verte à Mayotte ». Les propos de Claude Hartmann, directeur général d’EDM, dénote avec les commentaires généralement exprimés concernant l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035 dans l’Union européenne (UE). Le Parlement européen a en effet voté en faveur de cette interdiction. Elle entre dans la droite ligne du plan climat de l’UE ayant pour ambition de réduire de 15 % les émissions automobiles d’ici 2025 et de 55 % en 2030.
« Entre 30 et 50 % de consommation d’électricité en plus »
Certes, cette interdiction ne concerne pas la vente de véhicules thermiques d’occasion, néanmoins les réseaux électriques devront être à la hauteur pour supporter la hausse de la consommation d’énergie. « Nous avons fait des petits calculs, explique le directeur général d’EDM. Si tous les véhicules de Mayotte passaient à l’électrique demain, on aurait suivant les usages entre 30 et 50% de consommation d’électricité en plus ». Des chiffres qui semblent rester raisonnables et ne correspondent en aucun cas à un doublement ou triplement de la production d’électricité.
« A partir du moment où on aura de l’énergie verte à Mayotte, il n’y a plus aucune raison que les déplacements sur l’île utilisent des carburants fossiles puisqu’on proposera de l’énergie électrique renouvelable. D’une part, elle proviendra de bio-carburant et d’autre part du solaire que tout le monde souhaite voir progresser dans le mix énergétique », souligne Claude Hartmann. Il poursuit « cela permettra sans complexe d’utiliser de l’énergie électrique sur la route ».
Une infrastructures adaptée à Mayotte
Néanmoins, n’y aurait-il pas un risque de pic de consommation à l’heure où les particuliers rentrent chez eux après leur journée de travail ? « Il faudra un pilotage des recharges pour effectivement éviter ces pics qui mettraient à genoux le système durant les heures de pointes », concède le directeur général d’EDM. Toutefois, « l’idée sera d’étaler la charge de rechargement au cours de la nuit grâce à un réseau de
fourniture dit intelligent ; l’important étant que la voiture soit rechargée le matin, qu’importe si elle l’est à 22 heures ou 2 heures du matin », informe Claude Hartmann.
Concernant l’installation de bornes de rechargement, l’infrastructure à Mayotte se devra être bien différente de celle de métropole. En effet, le « plein » d’électricité permettra de faire traverser l’île sans soucis aucun. D’ailleurs, si dans les embouteillages les moteurs thermiques continuent de tourner et donc de consommer, le moteur électrique, lui, s’arrête. Pas de consommation inutilement gaspillée. Dès lors, selon le directeur général d’EDM, « la question n’est pas d’équiper tout l’espace public mais les places de parkings comme ceux des mairies, de la CSSM ou encore des lieux de travail. Bref des emplacements qui se veulent stratégiques ».
Développer les mobilités douces
Sur l’aspect fourniture des équipements de rechargement, EDM est en réflexion pour l’instant en témoignent les propos du directeur, « peu de distributeurs d’électricité font ce travail d’installation de bornes. Ailleurs ce sont des entreprises qui y sont dédiées. Ici compte tenu du tissu industriel nous réfléchissons à participer à la mise en place de ces équipements. On y réfléchit, on n’a pas tranché, en tout cas nous serions disponible pour raccorder les bornes aux réseaux même si nous ne sommes pas à l’origine des bornes ».
Si l’électrique pour les véhicules est susceptible de réduire les émissions de CO2, la problématique des embouteillages n’en sera pas pour autant résolue. « Il faudrait un peu moins de véhicules à Mayotte », concède le directeur. Un vœu pieux qui pourrait peu à peu prendre réalité notamment avec la mise en service de Caribus ainsi que le développement des mobilités douces pour améliorer la circulation sur l’île au lagon.
Pierre Mouysset
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