La French Touch de Mayotte est bien réelle, mais de touches en ce vendredi, les médias n’avaient d’yeux que pour celles du clavier Maoclav, présenté au sein des locaux du Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Rachid Abdou Moussa, son inventeur, s’est déjà illustré en remportant le prix de la meilleure start-up de moins de 3 ans du concours TotalEnergie, le 5 mai dernier.
Une idée simple, mais sensiblement innovante pour le territoire. Selon les mots de son créateur, “c’est une application qui est un clavier révolutionnaire, lequel permet de communiquer en shimaoré, en kibushi et tout autre langue dérivée du swahili”. Le concept ” touche toute la population au niveau local, et aussi la diaspora” qui s’impose pour Rachid Abdou Moussa comme une façon de préserver patrimoine.
De multiples applications
“C’est d’abord une vision transversale, qui peut être développée sous plusieurs aspects” explique le jeune start-uppeur. Il évoque ainsi le tourisme, la science des langues, l’éducation, le E-learning, mais aussi les arts locaux avec le théâtre, la danse… Une utilisation que le créateur imagine nécessaire jusque sur les prompteurs de la télévision locale, à l’instar de Mayotte La Première.
Le clavier numérique se conçoit aussi en physique, ou avec des options complémentaires : phonétique, dictée, traduction…
Un embryon ayant vocation à être développé, c’est ainsi que Rachid Abdou Moussa perçoit son projet, avant de nous en expliquer l’origine : “Pour moi les langues sont le berceau de tout, ça réunit vraiment les gens, c’est une vision que j’avais. Dans l’évolution de Mayotte, on parle de développement, de départementalisation, mais moi c’est personnel, je l’entends et le ressens au sens de l’internationalisation, de l’ouverture sur le monde. Et quand on s’ouvre sur le monde, il faut savoir comment on y va, il faut d’abord sauvegarder son patrimoine et sa culture pour qu’au moins dans les années qui vont venir, on s’ouvre on se côtoie on se mélange, mais si on sauvegarde sa culture, on a une identité. Et la langue, c’est l’identité aussi quelque part”.
Quand la modernité épouse les traditions
Mais pour le jeune start-uppeur, l’initiative relève aussi d’un besoin : « Je voyais que les gens, que ce soit l’association Shimé, que ce soit le Conseil départemental, que ce soit les scientifiques qui se réunissent, ils avaient propulsé une initiative mais il y avait un blocage, et je voyais le blocage. Ils se questionnaient (…) est-ce qu’on utilise le B cross ? Est-ce qu’on fait le double B? etc… Au lieu de se poser la question ‘comment on fait’, on se pose la question ‘est-ce qu’on fait ou est-ce qu’on fait pas’. Je suis plus partant pour la question comment on fait”.
La genèse d’un projet qui reste encore à développer donc, et c’est ce sur quoi Rachid entend miser : l’utilisation plus large de son outil pour le territoire, voire jusqu’aux strates institutionnelles, entre préservation de la tradition et un regard indéniablement tourné vers la modernité. Si pour l’instant l’usage de l’application se limite aux utilisateurs d’Android, cela n’est pas sans appel, et si le projet trouve des soutiens, cela ne se fera pas sans Apple.
Mathieu Janvier
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