Lors de la visite ministérielle à trois têtes, l’une d’elle, Charlotte Caubel, Secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance sous l’égide de la première ministre, a signé un contrat départemental de prévention et de protection de l’enfance, le dernier né de la politique gouvernemental de ce secteur. D’un faible montant, 2,5 millions d’euros, il ne s’agit que de compléter la démarche de l’Etat vis-à-vis des Départements, il est l’un des outil de la Stratégie nationale de Prévention et de Protection de l’Enfance qui vise à protéger et émanciper des enfants qui au départ n’ont pas les mêmes chances que les autres.
Rien à voir avec la compensation de 10 millions d’euros annuels obtenus en 2016 sur la politique de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) grâce à la rédaction du 1er Schéma départemental de l’Enfance et des Familles. Pour y voir clair, nous avons fait le point avec Madi Moussa Velou, vice-président du Département chargé des Solidarités, de l’action sociale et de la Santé, sur son utilisation.
Comment cette convention de 2,5 millions va-t-elle se décliner dans votre service de l’Aide Sociale à l’Enfance ?
Madi Moussa Velou : « Tout d’abord, cette contractualisation avec la secrétaire d’Etat entre dans la Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance. Elle a donc été menée dans tous les départements de France. Ce contrat départemental de prévention et de protection de l’enfance couvre une toute petite partie du Schéma de l’Enfance et des Familles, un dixième à peine de nos besoins. Mais c’est une première contractualisation de 3 ans, qui va nous permettre de mieux toucher la population. Grâce à la mise en place de bus mobiles pour les PMI, notamment sur l’accompagnement à la vaccination des moins de 3 ans où nous avons été défaillants, sur l’appui des mères lors des « 1000 premiers jours » auxquels nous avions consacrés un colloque, ou le recrutement pour renforcer la Cellule de Recueil des informations préoccupantes, la CRIP.
C’est une de vos faiblesses et cela ne date pas d’hier, alors que beaucoup de signalements d’enfants en danger sont remontés notamment par l’Education nationale…
Madi Moussa Velou : Je sais, mais nous avons du mal parce qu’il y a trop d’enfant. Pourtant mon prédécesseur Issa Abdou avait monté une équipe renforcée, mais nous avons les mêmes problèmes que la Mission locale qui doit prendre en charge des centaines de jeunes avec un éducateur. C’est facile de dire que nous n’y arrivons pas alors que nous avons des défis hors norme à relever. Je table sur un doublement des effectifs si nous recevons des compensations sur le même principe qu’en 2015, et la DGS arrive ce vendredi même.
Mais je rappelle que nous avons attribué en 2021 ce secteur des informations préoccupantes à Mlézi Maore qui prend en charge une partie de la CRIP.
Ce qui pose toujours le problème du suivi, voire du contrôle par le conseil départemental, des associations qu’il agrée.
Madi Moussa Velou : Il n’y en avait pas en effet, nous donnons des millions aux associations sans contrôler les dépenses. C’est pourquoi une de mes premières décisions de vice-président en charge du social a été de créer deux nouveaux services. Le contrôle du financement que nous mettons à disposition de ces structures, et le recrutement de 6 inspecteurs et contrôleurs à terme pour constituer cette cellule, avec des actions menées de concert avec la préfecture ou l’ARS sur ces associations, pour que nous ne soyons pas taxés de favoritisme. Par exemple, nous avons délégué la prévention spécialisée, et si elle fonctionne à Dembéni, ce n’est pas le cas partout comme à Combani, Koungou ou Petite Terre. Or, c’est cette action qui va permettre d’anticiper sur des violences juvéniles.
On perçoit une dynamique, le contact avec la délégation ministérielle était bon ?
Madi Moussa Velou : Alors que l’année dernière nous avons eu du mal, nous avons eu cette fois une oreille attentive de la ministre, je suis satisfait des échanges, peut-être le préfet y est-il pour quelque chose étant donné que nous nous rencontrons une fois par mois sur ces sujets. Le contact avec le ministre de l’Intérieur était tout autre que lors de sa première venue, presqu’une autre personne. Peut-être y a-t-il eu une prise de conscience des enjeux.
En matière de compensation que vous évoquiez et qui avait donné lieu à des dizaines de millions d’euros pour l’action sociale en 2016, le président Ben Issa Ousseni a insisté sur une couverture plus large des conventions sur l’ASE et les PMI lors de la renégociation. Nous avons des dépenses supplémentaires, par exemple sur les crèches sur lesquelles nus avons investi 300.000 euros. Et nous voulons être aux côtés du CHM et de l’ARS sur la petite enfance. De même que sur le handicap, nous avons posé les bases avec les ministres.
Je me réjouis qu’en direct à la télé, les ministres aient annoncé vouloir revenir avant la fin de l’année, nous ne le savions pas nous-mêmes. Comme s’ils avaient perçu que les projets à mener ne devaient pas être imposés d’en haut, mais co-construits.
Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond
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