Les résultats du baccalauréat sont tombés dimanche 21 août 2022 aux Comores. Une première lecture des chiffres permet de constater un taux d’échec de plus de 60%. Les années se suivent et se ressemblent avec une nette régression des performances scolaires surtout dans les écoles publiques. Plus de la moitié des candidats devront encore repasser cet examen l’année prochaine.
Des faibles résultats à Anjouan
Sur les 14.245 candidats, seulement 2.117 ont été déclarés définitivement admis alors que 3.974 passent les épreuves du second groupe, soit 8.158 candidats recalés en 2022. Le jury a déclaré 331 admis au premier tour dans l’île de Mwali (Mohéli), soit 24,61%, et 456 autorisés (33,9%) à passer le rattrapage sur un total de 1345 candidats. En Grande-Comores, on compte 1235 admis (17,94%) et 2117 au rattrapage (48.69%) sur un total de 6.884. L’île de Ndzuani (Anjouan) occupe la dernière place de ce classement plus ou moins mitigé avec 9% d’admis au premier groupe en 2022 et 1.401 autorisés à passer le rattrapage (24%) sur un total de 5.903 candidats.
Le système éducatif comorien, malade depuis des décennies, manque surtout des politiques d’encadrement et de suivi des enseignements, d’après un récent rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale (IGEN). Le budget alloué au secteur représente moins de 6% du PIB dont 90% servent à payer les salaires des enseignants et des personnels d’encadrement. Le manque de moyens financiers et didactiques ne permet pas de mettre en œuvre les différentes recommandations issues des ateliers et autres séminaires de réflexion.
Malgré d’innombrables réformes préconisées par les acteurs du secteur, l’Education nationale est dans un état déplorable aux Comores : baisse continue du niveau des élèves, recrutement incontrôlé des profs, naissance anarchique d’écoles privées qui fonctionnent sans le minimum de contrôle, infrastructures scolaires délabrées, démotivation, peu de recyclage des enseignants, absence de structures de veille et d’encadrement des personnels pédagogiques.
Un secteur éducatif toujours dans la léthargie
Le pays a su mettre fin ces dix dernières années à l’un des problèmes majeurs du système éducatif : la grève des enseignants. Mais ces derniers risquent de brandir une autre revendication vieille de nombreuses décennies à savoir la fin du gel de leurs carrières sous la forme de l’arrêt d’évolution du point d’indice. La rentrée prochaine risque d’être perturbée, l’intersyndicale des enseignants exigeant une revalorisation de leurs salaires.
Si le pays fait partie des “bons élèves en Afrique” avec un taux de scolarisation qui avoisine les 85%, des efforts restent toutefois à fournir pour offrir des enseignements de qualité aux élèves à tous les niveaux du système. Il n’existe pas une école de formation des enseignants du secondaire. Seul l’Institut de formation des enseignants et de recherche en éducation (IFERE), basé à Moroni, permet de former les enseignants du primaire. Des réformes du système ont été annoncées et pourraient faire l’objet d’une grande assise de réflexion en octobre prochain, d’après le ministre de l’Education nationale, Dr Takiddine Youssouf.
Un plan de réhabilitation des infrastructures scolaires a été lancé dans les années 2000 grâce au Fonds d’appui pour le développement communautaire (FADC) de la Banque mondiale. La France et divers partenaires soutiennent le secteur de l’Education dans différents volets. Plus de quatre projets ont été exécutés ces vingt dernières années. On notera, entre autres, le Projet d’appui au secteur de l’Education aux Comores (PASEC) et le Projet d’encadrement de personnels de l’Education aux Comores (PREPEC) financés par la France à hauteur de plus de 40 millions d’euros. D’autres projets, toujours portés par la France, visent à réhabiliter les principaux lycées publics et de nombreux établissement d’enseignement.
A.S.Kemba, Moroni
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