Les enseignants se plaignent que des promesses orales et même écrites du gouvernement n’aient pas été tenues.
Les syndicats des enseignants du second degré ont moyennement rassemblé ce mardi comme ils s’y attendaient. Pourtant, outre le renouvellement des acquis promis pour ceux qui sont en fin de contrat de deux ans, c’est la solidarité de tout le corps qui était demandé « face à une nouvelle trahison de l’Etat », ainsi que le dénonce l’intersyndicale SNES-CGT Educ’action-SNU-FO-SNEP et Sud Education.
La CGT Educ’action sous la plume de Roger Combarel, revient sur les principaux acquis sous le régime « avant départementalisation ». Les enseignants étaient alors régis par un décret n°96. Celui-ci les obligeait à rester au maximum deux fois deux ans sur le territoire, avec une garantie de retour dans leur académie d’origine, une prime non imposée appelée Indemnité d’Eloignement de 11,5 mois par contrat de deux ans, et d’autres avantages comme le remboursement d’une partie des loyers et une bonification de la retraite d’un an tous les deux ans. Tout bénef donc.
Avec la départementalisation de l’île, le décret de 96 a été abrogé, entrainant dans son sillage beaucoup de changements. Le séjour n’est plus limité à deux fois deux ans comme prévu, mais l’Indemnité d’Eloignement (IE) est dégressive au fur à mesure que progresse l’indexation sur les salaires qui atteindra 40% en 2017 et cette IE est devenue imposable, et enfin, le retour dans l’académie d’origine n’est plus garanti, « trois promesses non tenues par le ministère de l’Education nationale ».
« L’Etat a sous-investi à Mayotte »
Ce retour dans son académie est un confort moral que tout le monde n’a pas sur l’île, mais que les enseignants demandent à rendre pérenne, « sous peine d’aggraver le manque d’attractivité alors que plusieurs collèges et lycées manquent de professeurs de français ou d’anglais, essentiellement parce que l’Etat a sous-investi à Mayotte », lançait Thierry Wuilliez, co secrétaire général SNES FSU à la centaine d’enseignants venus se rassembler sur le parvis du Comité du Tourisme.
Un dernier syndicat, le SE UNSA qui se targue d’avoir été le premier à dénoncer un rétropédalage de la part de l’Etat, faisait bande à part et en appelant à un rassemblement devant les grilles de la préfecture. Ils étaient une trentaine, « nous sommes les seuls à avoir déposé un préavis de grève pour cette journée », soulignait Eric Hourcade le secrétaire départemental du syndicat.
Une rentrée sur les pavés
Ce qui prévalait ce matin chez les uns ou les autres, c’est l’incertitude quant au sort qui leur était réservé, « il y a 10 jours, le directeur de cabinet de la ministre de l’Education a indiqué que les enseignants qui sont venus sous le décret de 96 ne basculeraient pas vers le statut transitoire, alors qu’au même moment, une prime « nouveau statut » leur était versée ! », interpelle Thierry Wuilliez. Quant au retour vers l’académie d’origine, « il s’agit d’un régime exceptionnel à renégocier chaque année ».
Un flou « que partagent les services de l’Etat », selon le délégué SNES qui a pu rencontrer en délégation le secrétaire général de la préfecture Bruno André en compagnie du cabinet de la vice recteur : « il n’y a plus de dialogue social quand un Etat effectue sans arrêt des retours en arrière ».
Selon les syndicalistes, la préfecture a saisi les ministères des Outre-mer et de la Fonction publique : « sans réponse, cela voudra dire que nous n’avons plus d’interlocuteur fiable et que la rentrée scolaire se fera dans la rue ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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