Échanger sur les erreurs à ne pas commettre, et construire un avenir ensemble pour le bien de la population des deux îles, c’est le challenge réussi par les cadres de l’action sociale des deux départements.
C’est la preuve qu’une collaboration entre les deux îles française de l’océan Indien peut porter ses fruits : les cadres des collectivités territoriales Réunionnais et Mahorais en charge de l’action sociale sont réunis en formation de trois journées à l’hôtel Trévani.
L’action sociale, c’est vague. Elle occupe pourtant une place de plus en plus importante dans l’organisation administrative et institutionnelle de Mayotte : c’est la promotion de l’autonomie et de la protection des personnes, et la prévention des exclusions, ainsi que le résume le Code de l’action sociale et des familles.
Se tournant vers les personnes ou les groupes les plus fragiles, on comprendra que si elle est indispensable en métropole, elle est vitale à Mayotte comme à La Réunion. Les cadres qui en ont la charge ont compris qu’ils ne viendraient pas à bout du problème en restant confinés dans leur petit bout d’île, et que le regard devait porter plus loin.
« L’inter-régionalité »
« C’est pourquoi depuis plus de deux ans, nous avons inscrits nos rencontres dans le cadre d’un itinéraire de formation interrégional, portés par nos deux Centres Nationaux de la Fonction Publique Territoriale respectifs, et par l’INSET d’Angers, l’Ecole des cadres territoriaux », explique Annie Michel, cadre territorial au Conseil général de La Réunion.
A l’heure de l’intercommunalité, les cadres de l’action sociale mettent au goût du jour l’inter-régionalité, « un maillage des deux territoires qui ouvrent alternativement leurs portes pour des stages ». Ce sont donc 10 Réunionnais qui se sont déplacés pour trois jours, autant que les Mahorais, pour participer ensemble à plusieurs modules: « méthodologie de projet, management opérationnel, développement social… ».
Des cadres qui échangent sur les contexte de travail, très différents on s’en doute : « les Réunionnais apportent leur expertise et les Mahorais les clefs de compréhension de leurs familles vivant à La Réunion, un savoir faire et un savoir être ».
Mayotte doit s’adapter en conservant ses atouts
Les inscriptions à ce stage sont volontaires, sont donc présents des personnes convaincues de l’intérêt de l’inter-régionalité. Un deuxième groupe se forme néanmoins, « composé de cadres et de directeurs de l’action sociale ».
Fatima est cadre territoriale au service social du Conseil général de Mayotte. Elle suit ces rencontres depuis deux ans qu’elle trouve fructueuses, « par le réseau que cela développe. Au moindre problème, on sait qui contacter à La Réunion ».
Dès le départ, les professionnels réunionnais ont insisté sur l’équilibre des échanges, « vous avez autant à nous apprendre que nous à vous conseiller. Dans la mise en œuvre de votre départementalisation, ne faites pas comme nous, ne vous précipitez pas, préservez ce que vous avez, vos petits métiers par exemple ». Des conseils précieux à l’heure où le droit commun s’applique aussi dans ce domaine du social.
Une initiative qui a déjà fait des petits puisque la ville de la Possession échange avec Mamoudzou et qu’une convention est en cours de concrétisation entre le Conseil général de Mayotte et la mairie de Saint-Pierre.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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