CARNET DE JUSTICE DU JDM. A 28 ans, Ibrahim pensait avoir trouvé la combine pour se faire pas mal d’argent. Il voulait se servir de sa nationalité camerounaise pour escroquer le pigeon qui se laisserait prendre au piège. Sa combine : faire croire qu’il servait d’intermédiaire à un riche américain –Mister Thompson- qui souhaitait acheter des œuvres d’arts d’un village du Cameroun. Selon Ibrahim, il suffisait de faire venir ces statues à Mayotte pour que l’Américain vienne les récupérer. Avec une mise de moins de 25.000 euros, le gain potentiel pouvait dépasser 500.000 euros à se partager… C’est du moins ce qu’il prétendait car cette affaire en or était en réalité une belle escroquerie.
C’est un dénommé Kassim qui va se faire avoir. En novembre 2013, le Mahorais prend un autostoppeur à Tsoundzou II pour faire un bout de trajet. C’est Ibrahim. Les deux hommes échanges leur numéro de téléphone et se revoient pour boire un verre 15 jours plus tard. Ibrahim lui parle alors des objets d’arts qui attendent au Cameroun et du fabuleux bénéfice qu’ils pourraient tirer d’une telle opération. Ibrahim a besoin de collaborer avec un Mahorais : il n’a pas de papiers lui permettant de faire un tel commerce, il attend la réponse à une demande d’asile politique.
24.125 euros transférés au Cameroun
Ibrahim présente suffisamment de documents pour convaincre Kassim : des attestations, des photos, des factures pro-forma, des documents avec de nombreuses signatures et tampons de ministères camerounais qui semblent tous parfaitement vrais…
Kassim commence à effectuer des versements via les systèmes de transferts de fonds internationaux pour faire voyager les statues. A partir du 7 janvier dernier, il effectue une douzaine de virements : 2.564€, 845€, 3.500€, 2.980€… au total Kassim va envoyer 24.125,48€.
Si la somme ne sert pas à organiser la livraison des œuvres d’art du fameux Mister Thompson qui n’existe pas, elle est tout de même encaissée, par les frères d’Ibrahim.
Kassim va finir par comprendre le piège dans lequel il est tombé. Il porte plainte. Ibrahim sera entendu pas moins de 4 fois avant de reconnaître les faits mais il ne s’est pas déplacé au tribunal ce mercredi matin pour s’expliquer. Entre temps, sa demande d’asile a été rejetée et on ne sait pas s’il est encore sur le territoire mahorais.
Si c’est le cas, il va devoir être très prudent dans ses déplacements dans notre département: un mandat d’arrêt a été lancé contre lui, le tribunal l’a en effet condamné à un an de prison ferme. Ibrahim devra aussi rembourser les 24.125 euros déboursés par Kassim et à verser 300 euros pour le préjudice moral et 400 euros de frais de justice. Pas question cette fois de se laisser bercer d’illusions : il sera tout de même très difficile à Kassim de revoir la couleur de ses euros envolés vers le Cameroun.
RR
Le Journal de Mayotte
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