Auteur, compositeur et interprète, la Mahoraise Saandati Moussa est la lauréate des Voix de l’océan Indien 2014. Pour le JDM, elle revient sur les 3 dernières années qui lui ont, enfin, donné confiance en sa musique.
C’est la voix de Mayotte de l’année. Saandati Moussa vient d’être primée aux VOI 2014, les Voix de l’océan Indien. Le 28 novembre prochain, à La Réunion, elle ira chercher son prix comme les voix des Seychelles, de Maurice et Madagascar, une récompense qui intervient au moment où sort son 2e album.
«Les choses ont vraiment changé pour moi depuis 2011. Quand j’ai sorti mon 1er album, je ne pensais pas que ça allait marcher. J’ai beaucoup hésité, je me disais que j’allais passer pour une rigolote. Je n’avais pas du tout confiance en moi. Aujourd’hui, après tous les concerts, les concours, les tournées à Mada, aux Comores, à La Réunion et en métropole… Oui, maintenant, je me sens beaucoup plus professionnelle.»
Pourtant, Saandati ne roule pas les mécaniques. Parler de son parcours musical, revient pour elle à évoquer un rêve, quelque chose d’irréel. Saandati est restée modeste, sincèrement, «peut-être parce qu’à Mayotte, on ne peut pas vivre de sa musique. Bien sûr, il y a des artistes qui travaillent, qui créent, qui se battent mais ils ne sont pas aidés !»
Pour sortir son 2e album, Saandati est allée frapper à la porte d’une banque et de sa commune pour financer le tiers des coûts de production, les deux autres tiers étant pour sa poche. Mais peu importe, la musique, c’est plus qu’une passion.
Une voix et une passion pour les instruments traditionnels
Saandati a commencé à chanter à l’âge de 15 ans, comme de nombreuses filles de Mayotte dans un déba. Après une participation dans un groupe à Marseille en 1998, la jeune mahoraise rentre dans son île natale en 2005 et c’est de Tsararano que raisonne désormais sa belle voix.
Auteur, compositeur, interprète, ce qu’elle préfère, ce sont les instruments traditionnels. «Dans ma musique, il y a toujours des Dzendze, des gaboussi…» D’où l’immense plaisir que fut pour elle la résidence avec les violons de Zanzibar, au mois d’Août dernier, à l’autre bout de l’île. «Ils jouent avec des violons, un kanoun et un oud, des instruments à cordes traditionnels arabes avec sons tellement beaux…»
Trois ans bien remplis
Depuis la sortie de son premier album, Saandati a participé au Trophée des Arts et talents comoriens à Marseille et dernièrement au Défi chansons. C’est «l’amour en liberté», un titre qui évoque le Sida, qui a été sélectionné.
Le «Défi chanson» organisé par l’école de musique, souhaitait susciter de la création sur des sujets précis. Et comme la musique de Saandati est faite de messages, parlant de femmes battues, de maltraitance des enfants, de personnes âgées abandonnées mais aussi de sujets plus légers toujours en prise avec le quotidien, il était logique qu’un de ces morceaux soit retenu. «On est passé en studio, on a fait un très bel enregistrement et un CD va bientôt sortir», précise Saandati.
Amener sa musique au plus grand nombre
Ses messages, Saandati a envie qu’ils soient compris par le plus grand nombre. Alors que son premier album était exclusivement en langue mahoraise, le Français s’est fait une place dans le second. «Quand j’ai sorti cet album, je me suis rendue compte que j’avais des fans métropolitains… (rires !) Maintenant que je me suis fait une petite place, je veux amener ma musique vers l’extérieur.»
Si Saandati a pris de l’assurance, les doutes ne l’ont jamais quitté. Alors, «parce que ce n’est pas toujours facile», quand les questions l’envahissent, elle se souvient d’une remarque de sa sœur : «Tu as commencé à chanter, c’est pas le moment de déchanter!»
Les prochains mois ne lui en donneront pas le temps : après avoir reçu son prix à La Réunion, elle sera en première partie de Tiken Jah Fakoly le 6 décembre à Mayotte avant de partir à Zanzibar pour rejoindre les Violons le temps d’un festival au mois de février.
RR
Le Journal de Mayotte
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