CARNET DE JUSTICE DU JDM. Il était comptable mais il n’avait pas accès au code pour assurer les saisies et les virements. Il n’a pas été difficile à récupérer : il était à portée de main sur le bureau de sa collègue. Cette information à disposition, Ahmid* pouvait, en toute discrétion, assurer des virements qui arrivaient dans sa poche après avoir transités sur le compte d’un ami installé en métropole.
Il lui avait expliqué qu’il avait des problèmes avec sa banque et qu’il ne souhaitait pas que cet argent transite par son compte personnel… Pour se défendre d’un vilain banquier, chacun d’entre nous serait tous prêts à donner un coup de main !
Des sommes qui correspondent à des factures
Dans la société qui l’emploi, personne ne se doute qu’Ahmid est un voleur. Les sommes qui passent par l’entreprise sont importantes car elle s’occupe de la gestion de syndics d’immeubles. Et surtout, les sommes qui s’échappent des comptes vers la poche d’Ahmid correspondent à des factures qui sont bel et bien dues à des fournisseurs.
La manœuvre dure du mois d’aout à fin novembre 2011 avant qu’il soit démasqué. Il y en aurait pour 13.482 euros mais il est impossible de connaître le montant du préjudice total pour la société. Car Ahmid a déjà été condamné pour le même type de faits. A d’autres dates et pour d’autres montants, l’homme a déjà été reconnu coupable et contraint de rembourser 3.294€ aux syndics. Son ancien employeur a, depuis, épluché les comptes et à découvert d’autres malversations, les nouveaux virements dont il doit répondre ce mercredi à la barre de l’audience correctionnelle et pour des sommes 4 fois plus importantes.
Il reconnaît tout
C’est un changement dans l’équipe de direction et surtout dans les avantages complétant sa rémunération qui l’ont poussé à se lancer dans sa petite entreprise de virements douteux. «Je me suis retrouvé en grande difficulté financière», dit-il à la barre.
Il ne conteste rien et n’accable personne d’autre que lui-même. Par exemple, l’ami de métropole qui voyait passer ces sommes aurait pu être alerté mais «il n’était pas au courant de la provenance des fonds» ni ne touchait de «commission».
Ahmis ne demande qu’une seule chose à la cour: qu’on lui accorde un délai, un étalement pour rembourser les sommes en question, même s’il touche un salaire très correct pour Mayotte –près de 2.000 euros comme agents de la CAF.
Ahmid aura l’occasion de renouveler sa demande et de négocier avec le juge d’application des peines. Il a été condamné, une nouvelle fois. Six mois de prison avec sursis, c’est la 3e mention qui va apparaître sur son casier judiciaire, et obligation de rembourser les syndics.
Comme n’importe quel bon comptable, Ahmid pourra reprendre sa calculette pour connaître les montants dus à chacun des 7 syndics arnaqués, une belle addition dont le résultat fait 13.482 euros.
RR
remi@jdm2021.alter6.com
*Le prénom a été changé
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