On ne peut pas dire que la ministre de l’Outre-mer manie la langue de bois lors de l’échange qu’elle a eu avec le sénateur Mahorais Thani Mohamed Soilihi. Rôle des parlementaires ou capacité des élus, rien n’a été éludé.
Dans le cadre de son rapport pour avis sur les crédits de la mission outre-mer du projet de loi de finances pour l’année 2015, déjà adopté par l’assemblée nationale, le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a échangé ce mercredi avec la ministre de l’Outre-mer.
Il a notamment interpellée George Pau Langevin sur le volume et la complexité des textes adoptés en métropole et appliqués en outremer, mais surtout sur l’utilisation de procédés visant à adopter rapidement un texte par le gouvernement, comme les ordonnances, et qui n’ont donc pas le temps d’être validés par les parlementaires, « comme si ces questions étaient jugées secondaires lors de l’élaboration du texte d’origine ».
La ministre rebondissait en jugeant son propre ministère, « pas assez associé à l’élaboration des textes », et renvoie la balle aux parlementaires en évoquant leur nécessaire travail « pour imposer très tôt le respect de préoccupations ultra-marines dans l’élaboration de certains textes ».
Un mode de scrutin inadapté à Mayotte
Après avoir traité de diverses questions concernant le prochain statut de collectivités uniques de la Guyane et la Martinique, et la consultation de la Nouvelle Calédonie sur son autonomie en 2019, l’évolution du mode de scrutin des élections départementales à Mayotte a été abordée.
Relayant les préoccupations des conseillers généraux du département sur le vote actuel en scrutin uninominal à deux tours, le sénateur en évoquait les limites : « en un premier temps, chaque canton élit de son côté son conseiller général, et ce n’est qu’en un second temps qu’on élit la présidence du conseil général ». Ce qui incite aux perpétuelles tractations de dernière minute, aux coups d’éclat et à la formation de majorités macédoine comme ce fut le cas en mars 2011…
« Je propose donc un scrutin de liste », poursuit le sénateur, « car la constitution de listes en amont obligerait à davantage de cohérence dans l’élaboration du programme à mettre en œuvre ».
Une évolution que ne refuse pas la ministre, qui recentre néanmoins le débat sur la compétence : « au-delà de la question du mode de scrutin, je pense que ce dont Mayotte a besoin, c’ est avant tout de formation de ses élus et de ses cadres administratifs. De nouvelles compétences, importantes, comme la gestion des fonds européens ou de grands équipements, nécessitent une formation ».
L’inconséquence des élus a été dénoncée au cours de l’atelier Mayotte 2025 sur le cadre institutionnel, avec des formations organisées pour eux, au Centre National de la Fonction publique territoriale notamment, mais qu’ils désertent sans en mesurer les conséquences…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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