La santé des Mahorais s’invite dans le bouclier qualité prix. L’observatoire des prix propose de faire évoluer la liste des produits aux prix encadrés pour tenter d’améliorer le contenu de nos repas.
Obésité, hypertension et diabète à des niveaux record… l’état de la population mahoraise ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé. Les alertes lancées ces dernières années sont tellement nombreuses qu’elles ont fini par raisonner jusque dans l’enceinte de l’observatoire des prix. L’institution planchait, ce lundi, sur la future liste des produits dont les étiquettes sont encadrées par le «Bouclier Qualité Prix» (BQP). Chaque année, l’objectif est de faire évoluer cette liste pour la faire correspondre aux besoins mais aussi, et c’est une nouveauté, pour corriger certains déséquilibres.
Pendant 3 heures, les membres de l’observatoire se sont servis de l’enquête sur le budget des familles mahoraises présentée hier par l’INSEE. «Les produits alimentaires consommés sont de moins en moins adaptés à une alimentation saine», relève le président de l’observatoire Francis Nival. Depuis hier, on dispose en effet de données chiffrées, par exemple sur l’explosion de la consommation des boissons sucrées qui ont doublé en 6 ans. On pourrait également relever la faible consommation de fruits et de légumes sauf pour les plus défavorisés qui cultivent un bout de campagne.
Les mabawas remplacés par du poisson
«On est très loin des recommandations de 5 fruits et légumes par jour. Notre objectif est donc de faire évoluer l’alimentation en permettant aux Mahorais d’accéder à des fruits et des légumes toute l’année», explique Francis Nival. Les pommes et les oranges pourraient donc faire leur entrée dans la liste des prix encadrés. Les autres fruits n’ont pas été retenus car ils ne sont pas disponibles chez nous tout au long de l’année.
Ce n’est pas l’observatoire des prix qui décide de la liste du BQP mais il fait des recommandations à partir desquelles la préfecture tranche, après concertation des associations de consommateurs et des distributeurs. Mais nul doute que cette volonté d’établir «une liste plus diététique» sera entendue… avec une conséquence tonitruante pour Mayotte : les mabawas pourraient sortir du Bouclier.
«Le poulet entier ou les cuisses restent dans le dispositif mais les ailes posent véritablement un problème de santé publique», explique Francis Nival. C’est donc le poisson frais et/ou surgelé qui devrait prendre la place des mabawas.
Des rayons de produits locaux
Faire évoluer cette liste, c’est aussi «continuer à travailler sur les marges car l’évolution des prix des produits alimentaires est encore un peu aberrante par rapport à l’évolution générale des prix», indique Francis Nival. Les explications sont connues : pas de marché de gros, pas assez de concurrence, trop de petites boutiques …
«Notre volonté reste aussi de développer les filières de production locale dans l’agroalimentaire» sur le modèle de ce qui se met en place pour les volailles et les œufs. Les produits de la mer pourraient ainsi être concernés alors qu’une seule grande surface propose un rayon poissonnerie.
«Nous voudrions aussi qu’il y ait dans les supermarchés des rayons ‘fruits et légumes locaux’ qui se développent», explique le président.
C’est donc maintenant la préfecture qui a les cartes en main pour concrétiser ces orientations. Concernant la liste du BQP, l’arrêté préfectoral doit être publié avant la fin du mois de février.
RR
Le Journal de Mayotte
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