L’agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) a arrêté, hier dans la soirée, la liste des 200 quartiers qui vont bénéficier d’une réhabilitation massive. Ils seront annoncés officiellement ce mardi par le président de la République. Parmi eux, trois «villages» mahorais : Kawéni, Majicavo-Koropa et La Vigie.
Pas question de bouder son plaisir. Pour une fois, l’Outre-mer a été particulièrement choyé par une politique nationale. Alors que le budget mobilisé pour la rénovation des villes baisse de plus de la moitié comparé à la période précédente (5 milliards d’euros sont prévus jusqu’en 2025), l’enveloppe destinée aux quartiers ultramarins est préservée. Ce mardi après-midi, François Hollande et son ministre de la ville Patrick Kanner devraient donc annoncer 450 millions d’euros à destinations des quartiers à réhabiliter dans les départements d’Outre-mer.
22 quartiers de villes ultramarines ont été retenus dans le «Nouveau programme national de renouvellement urbain» (NPNRU). Six sont situés à La Réunion, cinq en Guyane, quatre en Martinique et en Guadeloupe et 3 à Mayotte : La Vigie (commune de Pamandzi), Majicavo-Koropa (Koungou) et Kawéni (Mamoudzou).
Transformer nos villes
Le 27 mai dernier, le JDM avait d’ailleurs suivi le maire de Mamoudzou qui promenait une délégation de l’ANRU pour qu’elle visualise Kawéni et l’ampleur de la nécessaire réhabilitation du quartier : comment transformer un dédale de maisons en construction et de bangas en tôles, en une ville faite de rues éclairées la nuit, de réseaux (électricité, eau potable, assainissement, eaux pluviales…), d’immeubles dans lesquels les habitants vivraient dignement et d’équipements publics dignes d’une ville-chef lieu ?
Avec ce Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), il s’agit, à Mayotte, de s’attaquer aux bidonvilles, à l’indignité et l’insalubrité de l’habitat mais aussi de répondre aux problèmes de foncier : on reconstruit la ville à l’endroit où elle existe déjà.
A Kawéni, dès le mois de mai dernier, Thibaut Simonin, le directeur de projet ANRU à la mairie de Mamoudzou, indiquait au JDM qu’après la phase d’études, le début des travaux serait envisageable en 2018. «Notre travail consistera aussi à mettre en place des actions échelonnées pour améliorer rapidement la vie des habitants, comme sur les eaux pluviales», précisait-il alors.
Les habitants associés au bouleversement
Le chantier sera tout aussi gigantesque à Majicavo-Koropa ou encore à La Vigie où la ville a poussé sans jamais être accompagnée. Bien sûr, l’électrification a été réalisée et les premières routes commencent à désenclaver la vaste zone sur les hauteurs. Mais là aussi, une ville entière est à construire.
Mamoudzou aura un avantage sur Pamandzi et Koungou, elle a déjà l’expérience d’un chantier ANRU. A Mgombani, elle a appris, parfois dans la douleur, à gérer les budgets et les contraintes de ces opérations. D’autant que cette fois, la population sera associée. «Les habitants seront les premiers acteurs du changement», promet le ministère de la ville. «Les Maisons du projet, qui seront progressivement installées dans chacun des 200 quartiers bénéficiant de l’action de l’ANRU, permettront à tous les habitants de construire avec les professionnels et les élus une ville au plus près de leurs attentes.»
Améliorer la vie quotidienne
On ne connaît pas encore les sommes qui seront mobilisées par quartier, mais il est certain que Kawéni, Majicavo-Koropa et La Vigie vont bénéficier de montants considérables pour construire de vraies belles villes que l’on nous promet durables, mixtes (habitat et activité économique) et riches en services publics (éducation, sécurité, culture…)… Sans parler de la place particulière pour les entreprises et les entrepreneurs de ces quartiers. Les ambitions du programme semblent sans limites.
Au-delà de l’opération de communication qui entoure logiquement ce type d’annonces, il n’en demeure pas moins que ce programme d’envergure va réellement remodeler radicalement les quartiers concernés avec la volonté «d’améliorer considérablement la vie quotidienne de plus de 2 millions» de personnes, en métropole et en outre-mer. A condition que le désir de les associer ne se dissipe pas au fil des 10 années que devraient prendre ces chantiers.
RR
Le Journal de Mayotte
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