Près de 8 millions d’électeurs malgaches sont appelés aux urnes ce vendredi 25 octobre. Les derniers meetings se sont déroulés mercredi, alors que les fokontany, des antennes décentralisées des mairies, s’affairent pour les derniers préparatifs.
«On risque d’avoir des problèmes avec les bulletins de vote», anticipe Michelin Andriantahina, chef du fokontany d’Androhibe à Antananarivo. Avec les trois autres employés de ce relais communal, il a été formé pendant deux jours à la tenue d’un bureau de vote et à la prise en main des nouveaux bulletins uniques.
Les inquiétudes sur l’utilisation de ce bulletin de vote portent sur les personnes qui ne savent pas lire. Au lieu d’utiliser un stylo pour choisir un candidat, ils devront choisir en laissant une empreinte de pouce sur la ligne d’un des 33 candidats à l’élection présidentielle malgache. «Le risque, c’est au moment du pliage, si le pouce imbibé d’encre vient à colorer une autre partie du bulletin il sera compté comme nul», craint Michelin Andriantahina qui n’avait pas encore reçu les bulletins ce jeudi matin. «Ils devraient arriver en fin de matinée», espère le chef de l’antenne communale.
Le bulletin unique a bénéficié de spots télévisés pédagogiques diffusés sur les grandes chaînes malgaches.
«Les craintes ne sont pas justifiées, l’encre sèche immédiatement après la première emprunte. Sur le deuxième point, les électeurs ont été prévenus et le personnel des bureaux de vote a été formé», argumente Valérie Andrianavalona, chargé de la communication de la CENI-T (commission électorale indépendante pour la transition).
Les 18 000 fokontany que compte Madagascar ont également pour rôle, lors des élections, de constituer la liste électorale et de distribuer les cartes des électeurs, jusqu’au dernier moment. Jeudi, 3 200 électeurs avaient retiré leur carte sur les 3 800 recensés dans ce quartier administratif. Porte à porte, annonce au mégaphone, plusieurs opérations ont été menées pour encourager les électeurs à faire la démarche.
«On devrait compter un peu moins de 5 000 électeurs, mais certaines personnes n’étaient pas sur leur habitation lorsque les agents recenseurs sont passés», regrette Michelin Andriantahina. Le recensement de la population s’est déroulé en mai et en juin de cette année. Il sert de base à la constitution des listes électorales. La CENI-T a définitivement arrêté ces listes sur tout le territoire, le 9 octobre. Depuis cette date, il est impossible de se faire recenser pour obtenir son inscription sur la liste électorale. Les Malgaches âgés de 18 ans et titulaire d’une carte d’identité –les trois conditions pour avoir le droit de vote – ont jusqu’au jour du vote, ce vendredi 25 octobre pour retirer leur papier d’électeur.
Le fokontany d’Androhibe, l’un des 192 de la capitale malgache, dispose de deux bureaux de vote. Si les élections se déroulent sans accrocs, Michelin Andiantahina espère un rôle recentré des fokontany, un terme qui signifie le village.
«Je lutte pour que le fokontany ne soit plus politisé et qu’ils reviennent à leur rôle initial, celui de l’entre-aide entre les gens, un rôle historique et culturel», prône-t-il. La dernière élection présidentielle malgache remonte à 2006, mais les chefs de fokontany ne sont plus élus depuis plus de 10 ans. Une élection devrait de nouveau être organisée après la présidentielle. Un prochain scrutin qui ne devrait pas amoindrir la fonction politique de ces villages administratifs.
A Antananarivo, Axel Lebruman
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