L’IEDOM* a publié sa note sur l’état de l’économie mahoraise au 3e trimestre. Mayotte connaît une activité en dent de scie, incapable de s’installer durablement dans une dynamique.
Les patrons n’ont pas le moral. Avant même de recevoir la nouvelle contribution économique territoriale, l’IEDOM notait que durant le 3e trimestre, l’indicateur du climat des affaires (ICA) chutait de 3 points pour se retrouver sous sa moyenne de longue période. «Les chefs d’entreprise éprouvent toujours des difficultés à recouvrer la confiance dans l’évolution de la conjoncture et adoptent des comportements économiques variables», note l’IEDOM.
Ils ne réagissent en effet pas tous de la même façon, ce qui donne une évolution «erratique» de l’ICA depuis le début de l’année, les fameuses dents de scie.
Ce qui est inquiétant pour l’économie mahoraise est l’origine de ce tassement du climat des affaires : il est autant la conséquence des réalisations peu satisfaisantes du 3e trimestre que des anticipations négatives pour le 4e trimestre.
Emploi : les offres marquent le pas
Logiquement, dans ce contexte, le marché du travail se dégrade à nouveau. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (DEFM A) enregistre une nouvelle hausse (+1,3%). Les chômeurs comptabilisés sont 9.551 à Mayotte au 30 septembre 2014, un chiffre qui n’a évidemment qu’une signification relative dans notre département. Néanmoins, la tendance à long terme est nette : «en glissement annuel, la demande d’emploi augmente fortement (+53,3 %), et, plus particulièrement, pour les hommes (+86,2 %) et les personnes de moins de 25 ans (+93,5 %).»
Là encore, un chiffre inquiète : ce 3e trimestre voit les offres d’emploi diminuer, même si sur un an, elles continuent de s’accroître vigoureusement (+56,0 %).
Ménages : indicateurs au vert
Des côté des ménages, alors que les hausses de prix sont devenues plus raisonnables, la consommation se maintient, confirmant sa bonne orientation depuis le début de l’année.
Tous les indicateurs sont au vert, hormis les crédits à la consommation qui diminuent de 2,0 %. Mais ils avaient atteint un niveau record au deuxième trimestre avec une augmentation exceptionnelle de 12,3 %.
Les importations de biens destinées aux ménages sont en augmentation comme par exemple les biens d’équipement du foyer (+4,1 %). C’est aussi le cas du marché automobile qui connaît une croissance de 12,3 % des immatriculations de véhicules neufs.
Du coup, «les commerçants jugent leur activité favorable au troisième trimestre et prévoient une évolution positive au quatrième», relève l’IEDOM.
Importations de ciment en chute libre
Fait étonnant, les importations sont en baisse, plombées par deux chiffres : les importations d’énergie qui chutent de 9% et surtout celles de ciment qui s’effondrent (-52,6%). L’activité «détériorée» dans le bâtiment peine à se redresser depuis le début de l’année. Les chefs d’entreprise «n’ont aucune visibilité à court terme sur le niveau de leurs carnets de commandes», précise l’IEDOM.
L’activité globale progresse néanmoins légèrement au troisième trimestre, tout en demeurant cependant à un niveau faible.
A noter que le développement de l’activité touristique continue d’être rêve qui peine à se concrétiser : ce trimestre, le nombre de passagers à baissé à l’aéroport de Mayotte (-2,3 %) malgré une hausse du nombre de vols (+1,5 %).
Perspectives peu réjouissantes
Après les constats, les prévisions. Et ce que l’IEDOM lit dans sa boule de cristal n’est guère réjouissant. «Après le redressement observé au deuxième trimestre, les intentions d’investir chutent fortement au troisième trimestre», note l’Institut. «Ces prévisions sont particulièrement en repli dans les secteurs du commerce et des services marchands où les soldes d’opinion sont également devenus négatifs.»
On l’a compris, ce n’est pas encore en cette fin d’année que l’économie mahoraise s’installera dans un optimisme sans faille.
RR
Le Journal de Mayotte
*IEDOM: institut d’émission des Départements d’Outre-mer
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