Dix ans après le tsunami qui a ravagé le nord-est de l’océan Indien, des études ont été menés et des moyens déployés pour connaître et prévenir ce type de catastrophe. C’est également le cas dans notre région.
Des cérémonies solennelles dans le monde entier. Dix ans après une des pires catastrophes naturelles de l’histoire de l’humanité, des hommages ont été rendus aux 220.000 victimes du tsunami qui a frappé, le 26 décembre 2004, 14 pays, essentiellement dans le nord-est de l’océan Indien.
La catastrophe a été l’occasion d’une prise de conscience planétaire de notre vulnérabilité face à ces vagues géantes et ces élévations du niveau des océans qui balayent et engloutissent tout.
Dans notre région, des études ont été menées et des moyens renforcés pour prévenir ce type d’événements, particulièrement les outils du Centre National d’Alerte aux Tsunamis dans l’Océan Indien (CNATOI).
Le sud-ouest de l’océan Indien dispose d’un réseau d’observation sismique et marégraphique (mesure du niveau des eaux) qui a été étendu et mis à niveau pour permettre la diffusion des données en temps réel. On trouve à présent des points de mesures qui contribuent au système d’alerte à la Pointe des Galets (La Réunion), Sainte-Marie (La Réunion), Toamasina (Madagascar) et bien sûr à Mayotte. A Dzaoudzi, les premières observations du niveau de la mer ont été réalisées en octobre 1963.
Pour autant, les études menées depuis la catastrophe qui permettent de disposer de données historiques, font apparaître la bonne étoile de Mayotte. Dans notre département, aucune trace de tsunami lié à un séisme n’a été retrouvée comme dans l’ensemble du Canal du Mozambique.
L’explosion du Krakatoa, événement mondial
En 2008, le BRGM (bureau de recherche géologique et minière) a recensé tous les événements observés sur le territoire français. Il s’est donc penché sur l’historique des tsunamis dans l’océan Indien pour savoir si La Réunion et Mayotte étaient exposés.
Le premier événement marquant, par son intensité, remonte à 1883. L’explosion du volcan Krakatoa (Indonésie) fit plus de 36.000 morts et il déclencha des vagues supérieures à 20 mètres. Le tsunami traversa tout l’océan Indien et fut même observé au-delà, dans l’océan Atlantique et dans le Pacifique. A La Réunion, des hauteurs d’eau de près de 2 mètres furent constatées (ce qui correspondrait à une intensité 3).
L’Indonésie est une des trois régions de l’océan Indien qui peuvent être considérées comme le siège de tsunamis. On trouve aussi la côte de l’Iran et du Pakistan dont l’activité sismique est très importante, avec des tremblements de terre qui peuvent atteindre ou dépasser la magnitude 8 sur l’échelle de Richter qui en compte 9. La 3e zone est située au cœur de l’océan Indien, sur le Plateau des Chagos, au sud-ouest de l’Inde. En 1983, un séisme de magnitude 7.7 y déclencha un petit tsunami.
Une échelle de mesure
L’intensité des tsunamis est mesurée grâce à une échelle internationale en 6 degrés, de l’onde très légère quasiment pas perceptible (degré 1) à l’onde désastreuse (degré 6) qui provoque des destructions partielles ou complètes des constructions et des zones naturelles comme les forêts, une inondation des côtes sous une grande hauteur d’eau, des dommages aux gros navires et potentiellement de nombreuses victimes.
Par exemple, le 25 novembre 1945 sur la côte du Makran au Pakistan, un séisme d’une magnitude de 8.1 avec un épicentre situé en mer à une dizaine de kilomètres du littoral, déclenche 3 vagues principales dont la principale (la dernière) est estimée à 15 mètres. Elles frappent des villes côtières 2 heures après le séisme. Le phénomène a été classé 5 sur l’échelle des tsunamis. A 3.400 km au sud, aux Seychelles, la hauteur de la vague mesurée est encore de 0,30m à Victoria (intensité 2).
Le Canal du Mozambique préservé
Dans le Canal du Mozambique, 520 séismes d’une magnitude supérieure à 5 ont été enregistrés entre 1950 et 2008. Mais leur intensité n’a jamais permis de déclencher le moindre tsunami. Le 22 février 2006, par exemple, un tremblement de terre de magnitude 7.0 a lieu à 160km de la côte la plus proche… aucune vague n’est mesurée. Certains experts avancent une configuration particulière du Canal du Mozambique qui ne permettrait pas à des Tsunamis de grande ampleur de se former.
Il faut espérer que ce soit effectivement le cas. Car si notre barrière de corail serait un premier rempart face à une vague, une élévation majeure du niveau de la mer pendant un laps de temps assez long serait une catastrophe : la plupart des équipements structurants de notre département, de l’aéroport aux centrales électriques, sont en effet installées sur la bande littorale.
RR
Le Journal de Mayotte
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