Les réactions s’enchainent en France, notamment à Mayotte, et dans le monde, contre l’attentat meurtrier perpétré contre les journalistes de Charlie Hebdo. « Une volonté d’instaurer la terreur », dénonce le président du Club de la presse de Bordeaux, “des crimes commis au nom de l’islam”, accuse Daniel Zaïdani, président du Conseil général de Mayotte.
Les dessinateurs Charb, Cabu, Tignous, Wolinski et Honoré ainsi que l’économiste Bernard Maris sont décédés ce mercredi dans « l’attentat terroriste », ainsi que le qualifiait aussitôt François Hollande, dont a été la cible l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Deux policiers sont également décédés, douze personnes au total ont perdu la vie.
Les condamnations de la communauté internationale sont bien évidemment nombreuses, des Etats Unis, ou Barack Obama parle d’une fusillade terrifiante, d’Allemagne ou de Grande Bretagne où Angela Merkel et David Cameron ont exprimé au président Hollande toute leur solidarité face à « l’horreur » de l’attentat.
Dans une allocution prononcée depuis l’Elysée mercredi soir, François Hollande instituait une journée de deuil national ce jeudi, une minute de silence devrait être respectée dans les services publics et les drapeaux seront en berne pendant trois jours.
Dans toutes les grandes villes de France, des rassemblements spontanés se sont tenus. A Bordeaux, c’est devant l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM) que le président du Club de la Presse avait appelé à une manifestation.
Une foule immense
Et la foule qui se déployait sur le parvis entre l’ENM et la place Pey Berland en disait long sur l’indignation de l’homme de la rue, « nous sommes venus en soutien des journalistes », « nous sommes tous des Charlie », expliquaient-ils tous, anonymes, aux micros des médias nationaux et locaux présents dès 17 heures.
Une foule innombrable, au delà de ce que Pierre Sauvey avait pu imaginer en lançant son appel ce jour, « je suis très ému, nous pensions qu’il n’y aurait que des confrères ». Il s’agissait pour lui avant tout de dire non, « non à l’attentat perpétré ce matin, non à la liberté de la presse qu’on assassine ».
Quant à la question d’une journaliste sur les dangers d’exercer son métier dorénavant dans notre pays, le président du Club de la Presse nuançait en rappelant la fatwa prononcée en 2012 contre Charlie Hebdo pour sa caricature de Mahomet en Une, « c’est une volonté d’instaurer la terreur contre laquelle il ne faut pas céder ». Les Bordelais affluaient encore en nombre de toutes les artères à la nuit tombée.
Contre des principes républicains
A Mayotte, les condamnations aussi sont nombreuses : « un acte d’une exceptionnelle barbarie (qui) attaque notre liberté et notre démocratie », accuse le député mahorais Ibrahim Aboubacar qui s’associe au deuil des familles des victimes en leur présentant ses « condoléances les plus attristées », « notre pays est aujourd’hui en état de choc », rajoute-t-il.
Daniel Zaïdani, à la tête du département, parle aussi au nom des Mahorais dans un communiqué pour « dénoncer l’attentat odieux commis contre Charlie Hebdo. Aucun acte ne saurait ébranler les principes de liberté et de vivre ensemble qui fondent notre République. Mayotte s’associe à la peine des familles des victimes, au deuil de la nation et condamne sans équivoque des crimes commis au nom de l’islam », et il conclut par un « vive la République, vive la France ».
On le voit, la volonté d’exprimer une solidarité à l’unisson de la nation est forte chez les musulmans de Mayotte. Un rassemblement est d’ailleurs prévu ce jeudi à 14 heures sur la place de la République (son nom n’aura jamais été aussi approprié) à Mamoudzou où chacun est invité à porter un tee-shirt blanc en y épinglant un « Je suis Charlie » en hommage aux victimes.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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