Politiques et chefs d’entreprises au sein d’une même structure pour partager sur les enjeux d’avenir de Mayotte… C’est ce que propose le conseil général avec l’ADE.
On peut voir la future naissance de l’Agence de Développement économique comme un nouveau « machin », d’ailleurs peu de choses ont bougé depuis l’année 2001 qui la rendait transposable à Mayotte. On peut aussi la regarder à travers les événements de 2011 où différentes postures chez les politiques avaient montré une profonde méconnaissance du monde économique.
Une structure qui réunirait ces acteurs est donc la bienvenue, son avenir étant lié à ce qu’ils en feront.
Tous les territoires français sont dotés d’Agences de Développement économique, les DOM y compris. Prérogative de la région, l’économie échoit à Mayotte au conseil général qui a donc un rôle fondamental à jouer dans son élaboration. C’était le sujet d’un Séminaire qui s’est tenu au Sakouli ce lundi 26 janvier, puisqu’il fallait en définir les domaines de compétence et le management.
Un objectif résumé par Abdou Subra, chef d’entreprise et membre du Conseil économique et environnemental de Mayotte (CESEM) : « il s’agit de rassembler les acteurs sur une vision fédérée pour une action concertée. »
Des éléments propres à Mayotte
Les quatre pôles retenus sont donc censés couvrir les champs des possibles, poursuit Abdou Subra : le pôle Entreprise « chargé d’accompagner et de proposer des solutions d’ingénierie financière sans cannibaliser les structures déjà actives dans ce domaine », le pôle Attractivité et compétitivité « qui devra aider les entreprises sur les problèmes de foncier, mais aussi promouvoir une démarche maritime territoriale », le pôle Innovation « avec une mise en réseau des acteurs » et enfin le pôle observatoire du développement durable, « où sera intégrée l’économie sociale et solidaire ».
Non seulement l’Agence devra réunir et mettre en cohérence la multitude de schémas, promus mais peu utilisés, mais plus intéressant, « elle pourra prendre en compte des éléments informels, propre à la situation mahoraise et qui ont une forte influence sur le développement économique ». Proposer un modèle de développement propre à l’île, voilà qui serait innovant, mais qui dépend du niveau de compétence du management de l’Agence.
Glaner les fonds européens
Cet aspect plus juridique était détaillé par Isabelle Chevreuil, vice président du CESEM. Les 7 membres de droit du conseil d’administration qui tiendront les rênes de ce qui sera vraisemblablement un GIP (Groupement d’Intérêt Public) plutôt qu’une association, sont le conseil général, l’Etat, les Chambres de commerce et d’industrie, et des métiers et de l’artisanat, « avec une préférence pour un président issu du milieu économique plutôt que politique ».
Au sein de la structure, 25 représentants : du conseil général, de l’Etat, des Chambres, de l’association des maires, du CESEM, du comité du tourisme, du Medef et de le CGPME. La composition de l’assemblée et de sa gouvernance sera affinée, et d’autres acteurs économiques pourront rejoindre l’Agence, « mais il faut savoir jouer la qualité et non la quantité, de peur d’une dilution de l’efficacité », mettait en garde Isabelle Chevreuil.
Le budget de fonctionnement est évalué, en fonction des actions entreprises, entre 250 000 et 300 000 euros, financé par des fonds européens puisque l’ADE a été inscrite au Programme opérationnel 2014-2020, et par les missions assurées par les 5 futurs salariés de l’entreprise.
C’est donc le résultat d’un long cheminement, comme le faisait remarquer le directeur du conseil général Jean-Pierre Salinière : « ce sera l’outil de développement économique de Mayotte ». Un absent de taille cependant au séminaire, le Medef, qui n’était pas non plus présent à la restitution.
Le conseil général devrait délibérer sur cette future naissance lors de la prochaine, et ultime séance plénière avant les élections.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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