Il n’y pas qu’à Mayotte que les jeunes désœuvrés provoquent tensions et délinquance : « Décrochage scolaire, illettrisme, faible réussite scolaire et universitaire, augmentation du chômage, tassement de la croissance économique, accroissement des inégalités et de la pauvreté »… ce constat est fait par le Conseil économique social et environnemental national pour l’ensemble des outre-mer.
« Une situation explosive », selon le CESE qui consacre des séances à chacun des territoires. C’est d’ailleurs Mayotte et son Plan jeunesse qui ouvrait la série la semaine dernière.
Le taux de chômage de 40% chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans, ainsi que la crise dans les outre-mer, « ponctuée régulièrement de fortes tensions sociales, fait qu’il y a urgence à agir en faveur de l’insertion professionnelle et sociale de nos jeunes ».
Des mesures sont émises dans l’avis adopté à l’unanimité des 165 votants ce 10 février 2015, intitulé « Le défi de l’insertion professionnelle et sociale des jeunes ultramarins» et rapporté par le professeur Eustase Janky (Groupe de l’outre-mer) au nom de la Délégation à l’outre-mer.
La démarche ne va pas dans le sens de nouvelles propositions, mais de « conforter les dispositifs existants, de renforcer l’adaptation des politiques publiques aux réalités locales et de mieux coordonner les acteurs concernés ».
Certains points sont particulièrement adaptés à Mayotte :
– Améliorer les politiques éducatives et le niveau de formation des jeunes ultramarins.
Il s’agit de conforter l’offre scolaire et universitaire dans les outre-mer en favorisant la scolarisation des enfants, notamment dès deux ans, en améliorant la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur, en implantant davantage d’universités des métiers de l’artisanat et en encourageant la formation aux professions de santé, etc. L’effort de formation des enseignants doit être poursuivi par une formation continue adaptée aux réalités locales et en particulier aux langues vernaculaires.
– Evaluer, prévenir et mieux lutter contre l’illettrisme et le décrochage scolaire dans les outre-mer
Il s’agit là d’un axe fort de l’avis. Le CESE recommande une évaluation régulière et homogène de l’illettrisme et du décrochage scolaire dans les outre-mer afin de conforter et d’adapter les actions de prévention. Il préconise d’implanter et de mieux coordonner dans tous les territoires ultramarins les dispositifs existants (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, plateformes de suivi et d’appui aux jeunes en difficulté scolaire, réseau « Formation, qualification, emploi » (FoQuaLe), etc.).
– Revaloriser la mobilité des jeunes ultramarins pour répondre à leurs besoins de formation et d’insertion sur le marché du travail
La CESE préconise de dynamiser les dispositifs de passeport-mobilité mis en œuvre par l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM) en particulier en instaurant un accompagnement des étudiants ultramarins bénéficiaires du passeport-mobilité-études. Le CESE préconise également une participation accrue des étudiants ultramarins au programme Erasmus +. En outre, il propose d’innover en expérimentant dans un territoire ultramarin volontaire un dispositif selon le modèle Erasmus + dans l’espace régional des territoires ultramarins financé par des fonds européens et de l’évaluer avant une éventuelle généralisation.
– Améliorer l’insertion et l’accès à l’emploi dans les outre-mer
Le CESE préconise de former pour mieux répondre aux besoins de leurs territoires, de soutenir l’action du Service militaire adapté (SMA) qui a montré toute son efficacité, de favoriser l’accès à l’alternance et au premier emploi notamment dans le cadre du plan de relance de l’apprentissage, de recourir davantage aux emplois aidés et de favoriser l’insertion des jeunes à travers l’engagement associatif en reconnaissant et validant leurs acquis non formels. Le CESE recommande enfin la promotion de certaines filières d’emploi dans le cadre d’un nouveau modèle de développement de chacune des collectivités ultramarines.
« Le diagnostic est désormais établi. Il est donc impératif et urgent d’agir en faveur de l’insertion professionnelle et sociale de ces jeunes, qui constituent d’abord et avant tout l’avenir et la richesse de la France », conclut le rapporteur de l’avis.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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