CARNET DE JUSTICE DU JDM. Me Kamardine a toujours le sens de la formule. Alors qu’il défend la victime présumée d’une affaire de violence, ce mercredi matin à l’audience correctionnelle, il se retourne vers le prévenu et lui lance : « Vous avez un excellent sorcier ! Des faits de même nature à Tsimkoura ont conduit un jeune en détention provisoire depuis 8 mois et le parquet lui a notifié, hier, la prolongation de cette détention parce qu’il y a trop de violences à Chirongui, nous a-t-on dit… Donc, monsieur, vous avez une chance insolente !»
Le jeune homme, âgé de 22 ans, comparaît effectivement libre pour des événements qui remontent à exactement un an. Il est une heure du matin, le 26 février 2014, lorsqu’un militaire sort d’une soirée et rejoint sa voiture. Une dizaine de jeunes est adossée à sa voiture. Insultes, coups, la scène dégénère immédiatement. Le prévenu saisit alors un bout de parpaing au sol et le jette en direction du militaire qui le reçoit en plein visage, mais heureusement sur le front. Il tombe au sol, sur le dos. Une fois aux urgences, cinq points de suture viendront refermer une plaie de 5 centimètres. Il bénéficie d’un certificat de 5 jours d’ITT.
Les témoins racontent la scène
Dans la procédure, un des nombreux mineurs du groupe décrit la scène et son récit a tendance à recouper celui de la victime, racontant les insultes lancées par les jeunes pour seule réponse à l’homme qui leur demande de s’éloigner de sa voiture.
Le prévenu reconnaît les faits : «j’ai ramassé un morceau de parpaing et je l’ai lancé». Pour autant, le jeune tente d’apporter des nuances. «Il était saoul et on s’est écarté de la voiture. C’est lui qui nous a insultés en premier»… Un récit peu crédible, souligne le procureur Léonardo. Quel homme serait assez fou pour insulter un groupe d’une dizaine de jeunes ?
Première fois
«C’est la première fois que je passe devant le tribunal, plaide le jeune. Tout ça n’aurait jamais dû arriver, je n’aurais jamais dû être devant le tribunal… Je veux m’engager dans la Marine nationale.»
Me Kamardine réclame 3.500 euros de dommages et intérêts et 1.500 euros de réparation, non sans avoir raconté une anecdote personnelle, de celles qu’il aime à livrer au tribunal pour raconter le Mayotte d’autrefois. L’avocat se souvenait d’un coup de fouet reçu par son père alors que, jeune homme, il avait frappé quelqu’un qui l’avait insulté. «Est-ce qu’il t’avait blessé en t’insultant comme tu l’as blessé toi ?» avait justifié son père.
Au final, suivant les réquisitions du procureur, le tribunal condamne le jeune mis en cause à 150 heures de travail d’intérêt général (TIG). Il fixe également une peine de 3 mois de prison s’il n’effectue pas ces heures de TIG. Cette condamnation ne devrait pas compromettre son avenir dans la Marine, elle n’a pas été inscrite à son casier judiciaire (B2), condition essentielle pour permettre son recrutement dans l’armée.
RR
Le Journal de Mayotte
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