Ce n’est qu’un clap première que l’on espère suivi par beaucoup d’autres : le combat mené par les Chatouilleuses est le sujet d’un film dont le réalisateur vient de poser ses valises à Mayotte.
Les « Chatouilleuses » ont combattu dans les années 60 à leur manière pour refuser l’intégration forcée de l’île à l’archipel des Comores, qui aurait conduit à une indépendance qu’elles ne souhaitaient pas. Alors que, comme le rappelle le document du Club Barbès qui sert de base au projet, les hommes semblaient résignés à subir un sort contraire à leur volonté.
Une centaine de femmes menée par Zéna M’déré, prenaient pour cible des dignitaires comoriens de passage sur l’île, et lui faisaient des chatouilles, « allant parfois jusqu’à l’émasculation ». Ceux-ci juraient de ne plus remettre les pieds à Mayotte.
Un choix suivi par la France contre toute logique géopolitique, qui est encore critiqué à l’heure actuelle, notamment en métropole, mais qui permettra le 27 avril 2015 de célébrer la 174e année d’appartenance de Mayotte à la France, pour montrer que « c’est en réalité Mayotte qui fait un honneur à la « Mère patrie » en choisissant de rester citoyenne française et non l’inverse », indique l’argumentaire au ton peu habituel.
On comprend mieux lorsqu’on apprend que le Club Armand Barbès a pour vocation de faire connaître « sans distinction, toutes les luttes des enfants de la nation qui honorent leur engagement républicain ».
Témoignages de sorodas et de serrer-la-main
Au départ, et comme l’explique au JDM le comédien-réalisateur martiniquais Marvin Sither, il s’agissait de célébrer par un documentaire la mémoire de ce Guadeloupéen peu connu, Armand Barbès, plus célèbre par un boulevard et une station de métro que pour son combat de « révolutionnaire romantique », comme il est surnommé, dont la devise était « vivre libre ou mourir ».
Un film apprécié par le ministère des Outre-mer qui passe aussitôt commande pour un sujet sur « les chatouilleuses ». D’un budget qui avoisine les 8 000 euros, il est financé par la délégation de Mayotte à Paris, le ministère des Outre-mer et la commune de Pamandzi. Marvin Sither a prévu une trentaine de rencontres, « d’anciens ministres comoriens, des sorodas comme des serrer-la-main », respectivement pour et contre ce rattachement à la France.
Cet hommage, « Zéna M’déré, la chatouilleuse de la République », prendra la forme d’un portrait en 52 minutes, ainsi que de ceux de Zaïna Méresse ou Boueni M’Titi.
Il sera diffusé le 25 avril en présence de la ministre des Outre-mer et de Sophie Elizeon, Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, puis sur les chaînes du réseau France-Télévisions.
Un premier pas en attendant la création d’un musée sur l’histoire de Mayotte au sein de son environnement régional…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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