Ils polluent, tuent tortues et oiseaux : les déchets plastiques auraient pris du volume au point d’être surnommés le 7e continent. Une expédition a décidé de quantifier cette pollution à bord d’un voilier trimaran.
La fondation “Race for water” est une organisation dédiée à la préservation de l’eau. La « Race for Water Odyssey », ou R4WO, ambitionne de réaliser le premier état des lieux global de la pollution des océans par les plastiques « en se rendant sur les îles présentes au sein des vortex de déchets », indique la fondation.
Ces vortex, du nom usuel du tourbillon creux qui se produit lorsqu’on vide un liquide, liés dans ce cas aux déchets, sont au nombre de 5 : Pacifique nord, Pacifique Sud, Atlantique Nord, Atlantique Sud et Océan Indien.
Qualifié de 7ème continent, ces conglomérats de déchets essentiellement plastiques, sont polluants et surtout nuisibles : 1 million d’oiseaux meurent chaque année de leur absorption, tout comme les tortues marines qui sont régulièrement victimes de ces déchets dans notre zone. Une autopsie pratiquée sur l’une d’entre elles en décembre dernier à La Réunion avait prouvé le blocage digestif par des bouts de corde et des morceaux de plastique.
Rodrigues et les Chagos
Nous n’en connaissons cependant pas encore la superficie exacte. Pour mener cette mission d’inspection et de constat, c’est un trimaran qui a été choisi, un voilier de course de 21,2 mètres, transformé pour l’occasion : le « Race for water » à bord duquel le navigateur suisse Steve Ravussin milite pour la préservation des océans et de l’eau douce depuis plusieurs années.
Le top-départ de la mission a été donné depuis Bordeaux ce 15 mars, où le catamaran a franchi le pont levant Chaban-Delmas, avec un retour prévu le 12 décembre après 300 jours de mission.
Il passera par New York, les Açores, les Bermudes, l’Ile de Pâques, Hawaï, Tokyo, Shanghai, Singapour, le Cap-Vert. S’il ne s’arrête pas à Mayotte, il fera escale dans la région, à Rodrigues et aux iles Chagos.
Des plages de déchets
Ces îles, qui sont situées au cœur de la pollution, agissent comme une sorte de barrage naturel au transport des déchets, les piègent et les accumulent sur leurs côtes. Ainsi, leurs plages constituent un terrain représentatif du type et des quantités de déchets retrouvés dans les eaux environnantes.
Le programme est défini autour de quatre piliers : tout d’abord, développer une meilleure connaissance des impacts du plastique sur l’environnement maritime, mesurer le taux de déchets réel et créer un centre de recherche spécialisé sur la pollution plastique en collaboration avec des institutions gouvernementales. Impliquer ensuite les entreprises et les scientifiques, sur les impacts.
L’éducation enfin, auprès des jeunes générations, en utilisant un de leurs héros de BD, Titeuf, et enfin sensibiliser le grand public et les leaders d’opinion à l’urgence.
Un diagnostic qui sera précieux pour définir les responsabilités et entreprendre des actions coordonnées entre continents.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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