Carnet de Justice du JDM. Ibou et Télé ont passé la nuit à Majicavo. Hier vendredi en comparution immédiate, ces deux jeunes adultes, de 22 ans et 18 ans et demi, ont été condamnés à 3 ans de prison dont 2 ferme pour le premier, et 1 an ferme plus 3 mois supplémentaires pour le second après la révocation d’une peine de sursis dont il avait écopé l’an dernier. Les juges ont également décidé de leur mandat de dépôt.
La justice n’a donc pas hésité face à ces petits cambrioleurs… Il faut dire que le premier avait déjà 11 condamnations par le juge des enfants au compteur, tandis que le second en comptabilisait quatre.
De leur vrai nom Ibrahim M. et Ahmed B., ils avaient comme terrain de chasse un périmètre allant de Passamainty jusqu’à la Kwalé. D’ailleurs ce vendredi, un habitant de Tsoundzou s’est déplacé pour assister à l’audience.
Pour cet infirmier libéral, propriétaire de sa maison et installé depuis huit ans à Mayotte, pas question de venir chercher des dommages et intérêts. «Je voulais voir qui vous étiez vraiment», dit-il en s’adressant aux prévenus. «Je pensais tomber sur des adolescents et je tombe sur des pères de famille. A vos enfants, qu’est-ce que vous allez leur dire? Il faut arrêter, il faut s’en sortir…»
Ils ont volé les jouets des enfants
Ces deux jeunes, il les a déjà vu lors du cambriolage de sa maison, le 19 novembre dernier. Il vient de partir au travail lorsque l’alarme de sa maison se déclenche. Il reçoit une alerte et fait demi-tour. A son arrivée, un jeune prend la fuite. C’est le guetteur qui réceptionnait aussi les objets que les deux jeunes lui passaient depuis l’intérieur de la maison. Ils avaient réussi à entrer après avoir arraché la grille d’une fenêtre.
La victime appelle la police et se saisit d’un club de golf posé à proximité pour obliger les deux jeunes à rester à l’intérieur. Mais les gamins ont récupéré un sabre et, menaces contre menaces, ils arrivent à prendre la poudre d’escampette avec une carte bancaire, 50 euros, le sabre… «Pour notre famille, ça a été dur», explique la victime. «Pour les enfants surtout, retrouver tout cassé dans la maison, les jouets volés…»
Les victimes comptent les points
Empreintes digitales et dénonciations, Ibou et Télé se font arrêter et racontent dans le détail leurs forfaits, celui-ci et bien d’autres.
Ibou est également poursuivi pour 3 autres cambriolages commis entre le 28 octobre 2014 et le 3 février 2015 avec comme butin du matériel multimédia, des montres, des pièces d’identité, un vidéoprojecteur, des téléphones et des ordinateurs… On finirait presque par se demander comment ils peuvent encore trouver des clients.
En plus de ce cambriolage, Télé est poursuivi pour recel d’un téléphone portable volé à Bandrélé et qu’il aurait lui-même piqué «à un voyou» de Passamainty après s’être fait prendre le sien à Kawéni… «On vole, se revole, on vend, on achète… Et il y a les malheureuses victimes comptent les points», remarque le juge.
Pas de travail
«J’aimerais que vous puissiez comprendre», insiste Ibou qui ne parvient pas «à trouver de l’argent» pour faire vivre sa famille (il est père d’un bébé d’un an et demi)… mais aussi pour acheter l’alcool et le bangué qu’il consomme abondamment depuis qu’il a 13 ans.
«Je fais le tour du village, je trouve des petites bricoles à faire». Il a arrêté l’école en CM2 mais il a une formation espace vert. «Si vous cherchez un travail, dans le quartier, beaucoup de monde peut vous en donner !» lui indique sa victime.
Télé a un niveau scolaire de 5e et a entamé des démarches pour entrer au GSMA. Lui aussi a une femme et un bébé : «Deux mois après être sorti de prison, alors que vous êtes suivis, vous commettez un cambriolage ?» relève le juge. «Vous croyiez que c’est la meilleure manière de redémarrer dans sa vie ?»
Finalement, en plus de ses 2 ans de prison ferme et d’une année supplémentaire avec sursis, Ibou est également condamné à une mise à l’épreuve de 2 ans, l’obligation de se soigner (de ses dépendances), de se former, de trouver un travail. Il a également l’interdiction de détenir une arme.
Quant à Télé, il devra également à se tenir à carreau après ses 15 mois ferme. Il a encore 6 mois avec sursis qui pourraient révoqués à la moindre incartade.
RR
Le Journal de Mayotte
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