Après une vague de violences et d’agressions au collège K1 de Kawéni sur fond de circulation de drogue, les enseignants vont exercer leur droit de retrait demain jeudi. Ils exigent une réaction du vice-rectorat.
Cette fois-ci, c’est trop. Les enseignants du collège K1 de Kawéni vont exercer leur droit de retrait, demain jeudi, après une nouvelle agression. «Suite à l’assemblée générale de ce jour, il a été décidé de l’exercice de notre droit de retrait demain matin jeudi 02 avril à 7h», écrivent les personnels de l’établissement.
Les événements des derniers jours ont précipité le mouvement. «Hier, une collègue était victime d’une agression de la part d’un élève. Un autre personnel était victime de jets de pierre. Ce jour, mercredi 1er avril, le même élève est revenu et a agressé physiquement deux surveillants», expliquent les personnels.
Mais ce sont en réalité des tensions et une exaspération accumulées depuis des semaines qui ont conduit à ce mouvement. «Nous comptons à ce jour une quinzaine d’agressions physiques envers les personnels du Collège K1. L’exaspération et la colère des personnels sont fortes. Les violences physiques et verbales sont en constante augmentation», détaillent les équipes éducatives.
Une concentration de difficultés
L’établissement, installé dans une zone sociale et éducative sensible, concentre beaucoup de difficultés. La liste est longue des contraintes auxquelles doit faire face un collège déjà ancien. Les personnels expliquent ainsi que «peu de choses ont pu être faites (constructions, rénovations…) pour pouvoir accueillir sereinement les élèves. Il n’est plus du tout adapté à nos 1.500 élèves. Nombre d’entre eux sortent et rentrent à leur convenance en escaladant ce qui fait office d’enceinte».
La circulation et la consommation aux abords de l’établissement du fameux cannabis de synthèse ne serait pas non plus étranger à la montée des problèmes durant ces derniers mois.
L’établissement a fermé ses portes ce mercredi à 11h10 et les personnels se sont retrouvés en assemblée générale pour tenter de réagir. Ce sont donc pas moins de 70 personnes qui ont décidé de ce droit de retrait.
Sanctuarisation de l’établissement
Les personnels souhaitent rencontrer une délégation du vice-rectorat, pour exposer leurs difficultés quotidiennes et leurs demandes. «Nous souhaitons des propositions et des solutions concrètes. Notre collège passe REP+ à la rentrée, nous ne souhaitons pas que cela soit que des mots. Nous ne devons pas être les oubliés de Mayotte !» revendiquent-ils.
Parlant de sentiment d’abandon, ils portent des demandes concrètes : la sécurisation et la sanctuarisation de l’établissement (enceinte, bâtiments, voies d’accès…), l’augmentation du nombre de postes de surveillants, la prise en compte sérieuse des problèmes sociaux de notre jeunesse (déshérence, pratiques addictives…).
«Notre souhait le plus cher est le retour de la sécurité et d’un climat propice à l’exercice de nos différents métiers», concluent les personnels dans leur communiqué.
Aux abords du collège, la situation promet donc d’être délicate demain matin.
RR
Le Journal de Mayotte
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