Les taxis de Mayotte promettent des actions chocs ! Ils s’organisent et ils ont bien l’intention de se faire entendre.
Les artisans viennent de créer un syndicat de branche, l’Union des taxis de Mayotte (UTM), sous l’égide de la CGPME. Ils veulent défendre leurs intérêts mais aussi faire des propositions face aux embouteillages à Mamoudzou.
Voici les 4 points sur lesquels ils comptent se battre.
1. S’attaquer à la concurrence déloyale des taxis illégaux.
«Ils exercent une activité sans crainte dans les plus grandes zones d’affluence de Mayotte au détriment des professionnels qui voient leur chiffre d’affaires baisser», indique Abdallah Ben Ahmed, le président de l’UTM. Ces taxis non déclarés seraient environ 300 contre seulement le double pour les taxis légaux.
L’UTM annonce «une lutte sans merci»… mais pas une chasse à l’homme. Les artisans reconnaissent que traquer les activités illégales est une mission qui revient à l’Etat qui sera donc alerté.
Ce qu’ils veulent.
L’UTM demande un recensement précis des licences pour en connaître le nombre et savoir combien sont encore exploitées. Les artisans déclarés devraient alors acheter un globe lumineux particulier à poser sur le toit du véhicule, sur le modèle de ce qui se pratique en métropole.
Ce qu’ils ne disent pas.
Les taxis illégaux, s’ils prennent des parts de marchés, assurent aussi un service que les taxis déclarés délaissent. Aller à Mamoudzou depuis le nord ou le sud en journée et y retourner après 18 heures, cela relève du tour de force. De même, seuls les taxis illégaux acceptent certaines courses comme par exemple se rendre à Kawéni. Lutter contre ces taxis, cela consisterait donc aussi pour la profession à être en mesure de proposer un service plus complet.
2. Détaxation du carburant.
Depuis 1981, les chauffeurs de taxis de métropole et des autres DOM ont droit à des abattements fiscaux correspondant à une remise d’une partie des taxes sur les carburants. Ce sont ainsi entre 20 et 23 centimes par litre qui sont restitués à chaque artisan… mais pas à Mayotte.
Ce qu’ils veulent.
«On a les mêmes devoirs, on veut les mêmes droits !» s’exclame Ali Ousseni, le vice-président de la CGPME, chargé des services. «Quand on s’arrête pour déposer un client, on se prend une amende de 35 euros mais quand on va à la pompe, on paie plein pot !»
L’Etat est donc appelé à ses responsabilités de droit commun. Le Conseil départemental va également être sollicité. Ailleurs, les conseils régionaux mobilisent des fonds pour aider les professionnels.
Ce qu’ils ne disent pas.
Ils vivent comme une injustice que les professionnels de la mer, en particulier les pêcheurs, bénéficient de tarifs spéciaux sur le carburant. Ils estiment aussi que ces avantages seraient un moyen pour motiver les chauffeurs à renforcer le service.
3. Les embouteillages : une révision des tarifs
Les artisans partent du constat que les bouchons de Mamoudzou font perdre 30 à 40% du chiffre d’affaires des taximen.
Ce qu’ils veulent.
«Aucun taxi ne veut mettre une heure pour faire le trajet de la barge à Kawéni pour gagner 5 euros !» explique Saïd Bastoi, de la CGPME. Tant que les pouvoirs publics n’investissent pas pour des voies de circulation particulières pour les taxis, ils demandent des évolutions de tarifs.
Pour eux, deux tarifs sont immédiatement à revoir : celui des bébés de moins de 2 ans qui bénéficient de trajets gratuits et des enfants qui voyagent à moitié prix. «Economiquement, c’est impossible ! On n’est pas là pour distribuer des prestations sociales !» dénonce Ali Ousséni. Là encore, Etat et collectivités sont appelés à mettre la main à la poche pour financer la mesure.
Ce qu’ils ne disent pas.
Face aux bouchons, ils voudraient garder la tarification à la place et ne pas basculer à la tarification au trajet avec un compteur comme c’est le cas en métropole. Mais dans le même temps, ils souhaiteraient passer à un tarif modulable en fonction de la durée du trajet… les avantages des deux systèmes.
4. Leur projet contre les bouchons.
Leur rêve serait d’assurer une véritable mission de service public reconnue, dans une ville de Mamoudzou qui serait leur terrain de jeu quasi exclusif. Ils souhaiteraient que deux parkings relais gratuits et surveillés, à Majicavo au nord et à Passamainty au sud, permettent aux automobilistes de se garer pour ensuite continuer en taxi. Un système qui fonctionnerait avec un péage urbain «très dissuasif» à l’entrée de Mamoudzou entre 5 heures et 8 heures. L’objectif serait de réduire la circulation automobile de 20% pour rendre de la fluidité au trafic.
Hormis le péage, il se trouve que ce projet existe… C’est celui des transports en commun de Mamoudzou pour lequel le gouvernement a débloqué 9 millions d’euros fin 2014 en vue de financer les études. Là encore, les taxis préviennent : «Nous n’avons pas du tout été associés au projet. Et rien ne pourra se faire sans nous !»
L’Union des taxis de Mayotte va donc maintenant contacter la préfecture et les collectivités en espérant faire rapidement avancer leurs dossiers.
RR
Le Journal de Mayotte
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