Nouvelle manifestation des sages-femmes aujourd’hui à Mamoudzou. Alors que leur mouvement de grève s’installe dans la durée, le JDM est allé à la rencontre de trois d’entre elles.
Claire, Marion et Cécile. Elles sont trois sages-femmes à partager une collocation à Mamoudzou. Trois jeunes femmes sûres de la justesse du mouvement de grève qui agite la profession depuis le 11 octobre. «Depuis que j’ai commencé mes études, on manifeste pour ça tous les deux ans, relève Claire. Cette fois-ci, il ne faut pas qu’on lâche sinon c’est foutu !»
Elles vivent dans un grand appartement à l’étage d’une maison mahoraise. Claire travaille au CHM (Centre hospitalier de Mayotte) depuis le mois de février après deux ans en PMI (Protection maternelle et infantile). Marion, elle, est sage-femme à Mramadoudou : «A la fin de mes études, je voulais aller dans les DOM. Je voulais travailler dans une structure sans médecin où on peut aller au bout de nos compétences… et je me suis retrouvée dans le dispensaire. Là-bas, on gère les accouchements toutes seules, comme c’est prévu dans les textes et comme on est capable de le faire. Au début, c’est un peu stressant. On n’a pas d’anesthésie, pas de péridurale, pas de bloc opératoire mais ça marche bien. Notre travail s’apparente à ce qui se fait dans les maisons de naissance.»
A Mramadoudou, les sages-femmes doivent aussi savoir anticiper. Dès qu’elles décèlent d’éventuelles complications, il faut organiser le transfert des futures mamans vers Mamoudzou, en tenant compte de la demi-heure de temps de transport.
Une nouvelle manifestation
Ce matin, Marion est dans la rue. Avec une cinquantaine de ses collègues, elle manifeste du rond-point El-Farouk jusqu’à l’ARS en passant par le rond-point de la barge. C’est la deuxième fois que les sages-femmes descendent dans la rue après avoir rejoint le mouvement de grève national lundi dernier (voir article).
Claire, en revanche, n’était pas de la manifestation. Ce matin, elle travaillait. Depuis le début du mouvement, les sages-femmes en grève sont réquisitionnées à tour de rôle pour continuer à faire fonctionner le service public de la santé à peu près normalement.
Les consultations ou les suivis de grossesses sont assurés mais les sages-femmes ont décidé de ne plus assurer tous les actes administratifs. Elles font aussi appel aux médecins dès que le moindre problème se présente alors que «souvent, nous sommes parfaitement capables de traiter ces situations». C’est une façon pour elles de dénoncer le statut qui est le leur.
Changer de statut
Les sages-femmes sont classées dans la catégorie «personnel non médical et administratif», une profession «paramédicale» au même titre que les infirmiers, les aides-soignants ou les kinés. «En revanche, devant les tribunaux nous sommes responsables de nos actes comme les médecins, souligne Claire. Nous avons les mêmes obligations et les mêmes inconvénients, sans les avantages.» C’est ce qu’elles dénoncent en souhaitant être reconnues en tant que Praticiens hospitaliers (PH) comme les médecins ou les pharmaciens. «On ne veut pas devenir des ‘petits médecins’. On veut simplement être reconnues en tant que Praticien hospitalier (PH) à compétence limitée, un statut qui correspondrait enfin à nos attributions réelles.»
Les trois colocataires ne se retrouvent pas souvent ensemble dans leur appartement, rythmes de travail obligent.
Cécile, la troisième colocataire, exerce dans une PMI. Solidaire de ses consœurs, elle ne peut pas s’associer directement à la grève. Il n’existe pas de système d’assignation dans les PMI. Si les sages-femmes débrayent, les consultations ne sont plus assurées et ce sont les patientes qui en subissent immédiatement les conséquences.
Toutes les trois suivront tout de même les manifestations organisées également aujourd’hui un peu partout en métropole. A Paris, le cortège devrait se terminer par un nouveau sit-in devant le ministère de la Santé. «On est prête à installer notre mouvement dans la durée» réaffirment-elles.
RR
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