« La connaissance de soi », ou la recherche de son origine… Le vernissage de l’exposition qui a pour cadre le Festival d’Art Contemporains des Comores (FACC) avait lieu ce vendredi au collège de Dembéni où il semble avoir trouvé sa place depuis 5 ans.
Il faut dire que le vaste hall se prête à toutes les tentatives d’expressions plastiques, tableaux, sculptures… Si la connaissance de soi reste « le socle conceptuel de ce festival », ainsi que l’exprime Fatima Ousseni, l’avocate co-organisatrice pour l’association Zangoma, de l’événement, le thème cette année y inclut les énergies.
Un festival qu’elle a voulu élargir dès le départ « hors des limite du microcosme comorien », aussi pour sa dimension politique : « vu le contexte, c’est oser de poser la question « d’où on vient ? », « qui sommes-nous ? », hors de toute idéologie ! » C’est donc à la porte de Mayotte, des Comores, de l’Afrique que frappe cette exposition.
Le sujet de l’appartenance de chaque île y est abordé d’une autre manière, « l’artiste nous projette une vérité grâce à son esthétisme », rajoute-t-elle, en évoquant les débats toujours actuels sur la colonisation et ses erreurs, « assumées différemment selon les nations ».
Le lycée de Sada rafle les prix
Les élèves des collèges et lycées de l’île auront travaillé sur ce thème avec leurs professeurs d’arts plastiques, mais l’autre organisateur, Denis Balthazar, le compagnon de Fatima Ousseni, a décidé de muer ce travail en concours.
C’est Guillaume Bernard, conseiller pédagogique d’arts plastique qui remettait les récompenses ce vendredi soi, et qui couronnaient un seul et même établissement sur les deux prix, collectif et individuel : le lycée de Sada. C’est un de ses élèves qui remporte donc le Simbo jeunesse, du nom de cette lampe comorienne blanchie à la chaux.
La connaissance de soi, le jeune Isac Hamidou ne la juge pas à l’échelle historique, mais en introspection avec un dessin représentant un adolescent devant la télévision, qui n’est en fait qu’un petit enfant sur les émotions ressenties, « ma part d’enfance qui exprime mon angoisse plus sincèrement que moi car il n’a pas besoin de cacher cette émotion ». Ces dessins d’ado qui partagent les murs avec les toiles d’artistes plus abouties, c’est aussi cela l’expo mahoraise du FACC.
Beaucoup d’œuvre signées d’artistes mahorais, comoriens ou de différents outre-mer, comme ce serpent dressé de la guyanaise Simone Saint Ange, ou les deux sculptures dédiées au conflit.
L’art contemporain de Tian’anmen à Times square
Une exposition que Guillaume Bernard juge « plus épurée que le cru 2014 », avec des artistes « plus impliqués dans leur démarche ». De son côté, Denis Balthazar, lui trouve une cohérence relative, et regrette le manque d’audace des médiums utilisés : « à Mayotte, on travaille toujours sur un plan, que ce soit de la peinture ou des photos. Il faut s’ouvrir à d’autres moyens, comme la céramique. »
Quant à savoir si les œuvres exposées font toutes référence à l’art contemporain, cela ne fait aucun doute pour lui, « dans le sens où c’est l’expression de notre temps, d’aujourd’hui. Il n’y a pas un, mais des arts contemporains. Ceux qui sont produits en Chine ne ressemblent pas aux français car ils sont propres à chaque culture. On ne se comporte pas de la même manière sur la place Tian’anmen qu’aux Etats-Unis. Par exemple, il arrive que nous écartions certains tableaux quand nous allons aux Comores, pas par censure, mais pour ne pas heurter inutilement. »
Rappelons que le deuxième volet de ce FACC sur la connaissance de soi prendra une couleur scientifique le 15 avril à 14 h avec l’intervention au Centre Universitaire de Dembéni de chercheurs comme Mohamed Nabhane, Mlaïli Condro et Dénetem Touambona, autour d’une exposition sur « l’Apport de l’Afrique Noire au développement des sciences et des techniques », « une exposition que même l’UNESCO nous envie », conclut enthousiaste Fatima Ousseni, qui annonce l’exporter en Guyane le mois prochain.
Nathalie Costantini, la vice-recteur de Mayotte, encourageait l’expression artistique à envahir l’espace scolaire, « il faut aussi aider les élèves à juger une œuvre en convoquant les connaissances ». Le thème commun des énergies entre la semaine de la science et du FACC appelle une coordination, « surtout que l’idée colle parfaitement à la méthodologie demandée par la réforme des collèges ».
Les productions de l’exposition du FACC exposées au collège de Dembéni* sont à encourager selon Denis Balthazar, « pour que chacun parvienne à dépasser ses limites ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Pour connaître les horaires d’ouverture du collège : 0269 63 64 65
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