CARNET DE JUSTICE DU JDM. Les agents de la PAF (Police de l’air et aux frontières) l’appellent le «look-like». Le comportement n’est pas nouveau mais il prend des proportions qui amènent les autorités à agir. Ce matin, lors de l’audience du tribunal correctionnel dédiée, pas moins de 13 dossiers portaient sur cette technique destinée à permettre à des sans-papiers de prendre l’avion.
La méthode, très simple, consiste à acheter un billet d’avion sous une fausse identité. Généralement, «la carte d’identité utilisée n’est déclarée ni volée ni perdue. Elle est bien réelle», constate le président Sabatier. Son titulaire est un proche, ami ou membre de la famille.
En se faisant passer pour quelqu’un d’autre, la personne en situation irrégulière peut ainsi retirer sa carte d’embarquement à l’aéroport puis passer les formalités de contrôle, à condition de ressembler (to look like, en anglais) suffisamment à la photo de la carte d’identité. Sinon, c’est la fin immédiate du voyage, l’interpellation par les agents de la PAF et une autre destination : très souvent, Anjouan.
Les compagnies en porte-à-faux
C’est donc ce qui est arrivé aux personnes jugées ce mercredi matin, stoppées depuis le début du mois de mars à Pamandzi avant de monter à bord d’un avion. Elles sont toutes poursuivies pour «escroquerie» et encourent une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison ferme. «Moralement discutable, juridiquement condamnable», tranche la procureure Prampart.
Pourquoi «escroquerie» ? Il s’agit d’une manœuvre frauduleuse qui vise à tromper, certes les autorités, mais aussi les compagnies aériennes les plaçant en infraction vis-à-vis des réglementations du transport aérien. Elles doivent en effet être en mesure de certifier l’identité des personnes voyageant à bord de leurs avions non seulement durant les liaisons habituelles mais encore plus en cas de déroutement d’un appareil ou évidemment lors d’un accident.
3 mois avec sursis
Dans toutes les affaires du jour, ce sont donc Air Austral (pour des vols vers La Réunion puis parfois la métropole) et Corsair (pour des trajets vers Paris via Tananarive) qui étaient les victimes.
Tous les prévenus ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis. Seule une femme a écopé d’un mois de prison avec sursis en plus. Sûre de faire le trajet sans encombre, elle avait déjà rempli les documents pour obtenir une carte «Transpass» qui permet d’accéder aux transports collectifs de l’agglomération de Marseille. Elle a également été condamnée pour «obtention frauduleuse d’un document administratif».
RR
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.