Le Préfet de Mayotte a donné le coup d’envoi du processus de concertation qui doit conduire à l’adoption d’un plan logement pour Mayotte. Il réunissait les principaux partenaires de ce projet aux enjeux cruciaux pour notre département.
La concertation sera brève mais n’en doutons pas intense : le plan logement pour Mayotte doit être signé avant fin juin, “ambitieux et réaliste”, selon les mots de Seymour Morsy. Après le lancement du processus de concertation par le préfet hier lundi, une série de réunions est programmée dans les semaines qui viennent pour boucler un chantier déjà bien entamé.
Autour de la table ce mardi 5 mai, les principaux partenaires mahorais qui vont participer à la déclinaison du PLOM, le Plan logement Outre-mer souhaité par le gouvernement. Outre les représentants de l’Etat et ceux des collectivités locales, l’AFD, la CAF, le SIEAM, EDM, l’ADEME, des associations œuvrant dans le domaine du logement et de l’insertion… Et quelques absents, comme les banques ou les représentants des professionnels du bâtiment.
L’idée est trouver les bonnes pistes mahoraises pour attaquer de front 7 questions fondamentales pour relancer le bâtiment. D’abord, libérer et aménager le foncier, avec la mobilisation du foncier public et la création d’un établissement public foncier et d’aménagement (EPFAM), déjà intégré à un projet de loi.
PACT et 1% logement, nouveautés attendues
Ensuite, favoriser la construction neuve de logements de qualité, par exemple en mobilisant la défiscalisation, mais aussi améliorer le parc existant. Cette politique de rénovation sera portée par une association qui existe partout sauf à Mayotte : le PACT. «C’est une structure associative, à laquelle adhèrent les pouvoirs publics, qui vient en aide au propriétaire pour monter un projet d’amélioration de l’habitat et l’accompagner dans sa réalisation», explique Daniel Courtin, le directeur de la DEAL. Une association mahoraise deviendra ainsi le PACT de notre département.
Autre nouveauté, qui devrait faire parler, l’arrivée de SOLENDI, le «1% logement» qui n’existe pas à Mayotte. « Cette contribution permet d’avoir une offre démultipliée par de nombreux financements», résume Daniel Courtin.
Des foyers de jeunes travailleurs
Maîtriser les coûts, développer l’accession sociale à la propriété ou encore lutter contre l’habitat indigne font également partie des axes prioritaires. A Mayotte, sur 60.000 logements, 10.000 sont en durs et nécessitent une rénovation, 20.000 sont des habitats très précaires, les bangas. «Nous devons trouver des solutions innovantes, alternatives. On pourrait voir à Mayotte, des maisons relais, des foyers de jeunes travailleurs… Tout ce qui permet à des publics à divers stades de leur vie, une insertion dans le territoire», détaille Alain Ivanic, le directeur de la cohésion sociale (DJSCS).
Enfin, le dernier point vise à faire en sorte que la rénovation énergétique dans le bâtiment devienne une réalité. «La performance énergétique des logements est un enjeu économique particulièrement sur une île où plus on consomme d’électricité, plus il faut construire des infrastructures de production. Mais c’est aussi un enjeu économique, quand on parle de coûts pour les ménages. Cela doit aussi créer une dynamique avec un nouveau marché pour les entreprises locales d’isolation, de chauffe-eaux solaires…», relève Christel Thuret, directrice de l’ADEME Mayotte.
Le plan logement pour l’Outre-mer a été signé le 26 mars par l’État et 13 partenaires pour relancer la construction. Mais à Mayotte, on sait que les enjeux du logement, comme tant d’autres, sont colossaux : forte croissance démographique, faiblesse moyenne des revenus, mauvaise qualité générale de l’habitat, mais aussi taille moyenne des ménages très élevée, de l’ordre de 4,1. Mettre aussi en ordre de marche ce secteur, revêt un caractère essentiel dans notre département.
RR
Le Journal de Mayotte
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