A l’issue du conseil d’administration de la Société immobilière de Mayotte (SIM), le directeur Mahamoud Azihary n’a pas été reconduit dans ses fonctions. Les membres du collectifs Bassi Ivo ont fait entendre leur mécontentement.
Le conseil d’administration de la SIM était très attendu ce matin. Entre autres questions, il devait décider de l’avenir de son directeur général, Mahamoud Azihary, depuis 10 ans à la tête d’une société qu’il a largement contribué à redresser. La réunion qui a duré toute la matinée a scellé le sort du directeur: à 8 voix contre 2, Mahamoud Azihary n’est pas reconduit dans ses fonctions.
«Je laisse un outil indispensable et performant à Mayotte. Je laisse à la SIM des cadres bien formés, des Mahorais, de Mzungus, des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes, une belle diversité, une belle équipe, un beau siège», a déclaré visiblement ému le directeur de la SIM.
«Je suis arrivé Place Mariage et je n’avais jamais travaillé dans un lieu aussi moche que l’ancien siège. Je me suis battu avec l’Etat pour que nous ayons de bonnes conditions de travail et quand j’arrive dans le nouveau siège, on me dit ‘sort de là’ ! Humainement, il y a quelque chose qui vous émeut. Il y a aussi une certaine humiliation», a confié Mahamoud Azihary.
Le vote des élus mahorais
Ce conseil d’administration s’est déroulé, selon les mots de la présidente Ramlati Ali, «dans le calme, la sérénité, la courtoisie». Relevant que les Mahorais avaient 5 voix dont celle, prépondérante, de la présidence, Ramlati Ali a fait valoir que le résultat du scrutin aurait pu être différent.
Les huit voix contre Mahamoud Azihary ont en effet été celles des représentants de l’Etat et des institutions publiques mais aussi celles des trois représentants des élus mahorais.
Mahamoud Azihary s’est fait assassin : «Les élus trahissent une certain volonté mahoraise. Ils le font en disant que sinon, ils n’auraient pas les aides de l’Etat. Quand vous avez un territoire, où vos projets de développement sont conditionnés à votre capacité à être docile, je ne sais pas où nous sommes».
La colère de Faouzia Kordjee
Depuis le début de la matinée, devant le siège de la SIM, Bassi Ivo avait rassemblé une centaine de personnes pour soutenir Mahamoud Azihary. Des femmes leaders étaient présentes et également de nombreux petits artisans du bâtiment. «Nous défendons notre chef. Oui, on considère Mahamoud Azihary comme notre chef. Il a permis à beaucoup d’entre nous de travailler et de nous développer», explique Hamada, artisan maçon qui a obtenu des chantiers à Cavani, Trévani ou Koungou.
Alors que le sort de Mahamoud Azihary était joué, ces manifestants sont entrés dans le hall du siège de la SIM pour faire entendre leur réprobation. Et c’est la colère de Faouzia Cordji contre les élus qui a raisonné longuement dans le siège de la SIM. Contrairement aux représentants de l’Etat, copieusement hués à la sortie, les élus n’ont pas affronté la centaine de personnes rassemblés. Ils sont sortis par l’arrière du bâtiment.
Les inquiétudes du président
Mahamoud Azihary est directeur général pour encore une quinzaine de jours. Et c’est naturellement au futur de la SIM et de la présidence que l’on pense déjà.
«J’ai quelques inquiétudes quant à l’avenir de la société. J’espère qu’elle sera profitable au développement de Mayotte», indique Mahamoud Azihary, mettant en avant ses divergences de vues avec ceux qui voudraient des constructions de masse qui ne seraient pas de qualité.
Ramlati Ali a confié au JDM souhaiter que le futur directeur soit Mahorais, «mais pas le premier qui passe. Quelqu’un qui ait fait ses preuves et qui soit en mesure de relever le défi.»
A l’issue de ces heures de grandes tensions, le dernier mot du directeur Azihary a été pour la jeunesse. «Il ne faut pas que les jeunes se découragent. S’ils en ont les moyens, ils doivent poursuivre des études longues pour le développement du pays. Il ne faut pas qu’ils disent que s’ils reviennent ils seront cassés, humiliés», a-t-il conclu.
RR
Le Journal de Mayotte
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