C’est la Saison jazz en cette fin mai à Mayotte. Porté par l’association Hippocampus, le festival a invité des pointures régionales de ce style musical encore trop peu répandu sur l’île.
Le jazz. Un des genres musicaux les plus réputés mais finalement méconnus. Il nous arrive tout droit du 19ème siècle lorsque des musiciens africains s’approprient des instrument jusqu’alors européens, et y mêlent leurs rythmes. C’est aux Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans, qu’il prend naissance.
Les esclaves africains utilisent ce style d’expression pour laisser libre cours leur souffrance, « un art foncièrement humaniste, car il matérialise la liberté et le dialogue au travers de l’improvisation musicale », ainsi que le résume l’association Hippocampus qui organise le 1er Festival Saison jazz pour la 1ère fois à Mayotte. « Il fera revivre à la fois les grands repères du jazz mais aussi découvrir le jazz de la région Océan Indien », promet l’association.
A souligner que le Festival Maore jazz avait été ravivé l’année dernière à cette période.
Plusieurs facettes du jazz seront donc proposées* les 23 et 24 mai. L’idée a germé dans la tête de Victor Randrianary, professeur de musique, aussi discret sur sa passion pour l’ethnomusicologie que sur sa participation essentielle au projet. Son objectif est de mettre en valeur le jazz à Mayotte, où il est encore peu répandu. Aucun groupe n’a encore émergé sur ce genre musical.
L’enseignant a donc proposé une sélection de musiciens régionaux dont la venue a été financée par Hippocampus avec un financement des Affaires culturelles de la préfecture.
Le groupe Jazz Ad Lib (« Jazz à volonté » en latin) est une nouvelle formation dirigée par le pianiste Eugen Dumitrana, professeur de musique au collège K2 : « Avec le bassiste Didier Devoto, le batteur Pascal Eugénie et le trompettiste Sébastien, nous jouons du middle jazz, du jazz standard ». Leur répertoire est celui de Duke Ellington, Count Basie ou Ella Fitzgerald.
Le Trio Joël Rabesolo, du nom de son leader, lauréat du concours découverte sur le jazz à Tananarive, est originaire de Madagascar. Il tourne avec ses deux comparses, Ranto Rakotomalala, à la basse, et Miora Rabarisoa à la batterie dans les Festivals et boîtes de Jazz en Europe, en Afrique du Nord et en Asie… Ils ont joué avec de grandes références comme le jazzman Linley Marthe et la chanteuse Monika Njava. Celui qui est surnommé le « Jimmy Hendrix malgache » explique leur démarche : « Nous avons fait fusionner de la musique traditionnelle malgache avec un style contemporain. »
Fabio Marouvin est le réunionnais de l’étape jazz. Il joue habituellement au sein d’une formation, mais c’est en tant que pianiste solo qu’il se produira pour le Festival Saison jazz : « je joue de l’afro-jazz, mais aussi de la musique latine. Il n’est donc pas impossible de percevoir cette influence lors de quelques solos. » De formation jazz classique à l’American school de Paris et au Conservatoire, il joue aussi Rachmaninov et Chopin, « les plus grands comme Petrucciani sont allés chercher leur inspiration chez les classiques ». Il a rajouté à sa ligne mélodique du Maloya, la musique de l’âme réunionnaise.
La Réunion fait toute sa place au jazz, « il y a environ trois festivals par an », rapporte Fabio Marouvin. « Saison jazz, c’est un premier pas pour faire découvrir le jazz à Mayotte », glisse Victor Randrianary.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*Programme sur l’affiche jointe
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