L’association des Naturalistes de Mayotte a découvert une nouvelle plage où les braconnages de tortues semblent bien organisés. Peu à peu, la traque contre ceux qui détruisent notre patrimoine naturel s’intensifie.
Pour les Naturalistes de Mayotte, la fête de la nature qui s’est tenue le week-end dernier débouche sur un constat amer : le braconnage des tortues marines se poursuit en de nombreux endroits du littoral mahorais.
Les membres de l’association s’étaient réunis sur la plage de Moutsoumbatsou, sur la commune de Mtsangamouji ce dimanche 24 mai. Le moment était autant convivial que citoyen avec un ramassage des déchets déposés sur la plage par la mer ou laissés sur le site.
Bouteilles en plastiques, vêtements, canettes en métal souillaient cette belle plage de sable blanc. Plus d’une quinzaine de sacs ont été remplis permettant à la plage de retrouver, pour un temps, un bon état de propreté.
Mais cette opération a également permis de découvrir les traces de braconnages très récents. Sur cette plage de Moutsoumbatsou, éloignée des villages, la fréquentation des tortues est connue… et celle des braconniers, désormais, une évidence. «Les membres de l’association ont fait la triste découverte de nombreuses carapaces et ossements de tortues sur la plage et ses alentours. Des nageoires de tortues fraîchement découpées étaient encore visibles sur la plage», explique l’association dans un communiqué.
Des corps de tortues sur le platier
«Outre les carapaces et ossements découverts sur l’arrière-plage, une dizaine de corps de tortues ont été retrouvés sur le platier, volontairement plombés, au fond de l’eau. D’autres restes de carapaces ont été jetés dans le puits de l’ancien village à quelques dizaines de mètres de la plage. Ces actes montrent que les braconniers ont connaissance de l’illégalité de leurs actes et veillent à dissimuler leurs méfaits», poursuit l’association.
Associations, brigade nature, REMMAT (réseau échouage des mammifères marins et des tortues)… les énergies sont de plus en nombreuses pour dénoncer et traquer ces braconnages. Le 15 avril, la gendarmerie saisissait 40kg de viande de tortue sur des barques et le 24 février dernier, à Charifou dans la commune de Kani-Kéli, 78 carapaces entières de tortues marines étaient collectées par le REMMAT.
Et la justice commence à envoyer des messages très clairs. Le 7 mai dernier, un braconnier a été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 1.200 euros de dommages et intérêts et de frais de justice, après avoir été pris en flagrant délit à Acoua par des agents de la brigade nature. Au début du mois de mars, c’était 9 mois de prison ferme et 3 ans de mise à l’épreuve pour un braconnier multirécidiviste, surpris avec des sacs remplis d’une tortue fraîchement découpée.
Le comptage macabre
En additionnant toutes ces actions, il est vraisemblable que le comptage des braconnages sera nettement plus important en 2015 que l’an dernier où le REMMAT avait recensé 262 tortues dépecées, réparties sur l’ensemble du département. Le chiffre pourrait ainsi être plus proche de la réalité avant, peut-être, une décroissance.
Alors que la campagne de sensibilisation du REMMAT est encore visible sur les panneaux de publicité du département, l’association des Naturalistes envisage de revenir périodiquement sur la plage de Moutsoumbatsou pour assurer un suivi, et que lentement, la protection de ces espèces en danger devienne effective.
RR
Le Journal de Mayotte
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