CARNET DE JUSTICE DU JDM. Le verdict a fait réagir le public dans la salle de l’audience du tribunal correctionnel ce mercredi matin. Alors que le procureur Léonardo avait demandé 18 mois de prison ferme, les magistrats sont allés bien au-delà. Ils ont prononcé une peine d’emprisonnement ferme de 2 ans et demi, assortie d’un mandat d’arrêt… car le prévenu n’avait pas jugé bon de venir au tribunal pour se défendre. «Les faits sont graves et le prévenu n’assume rien du tout», avait relevé le procureur.
La scène s’est déroulée dans la nuit du 28 au 29 mars dernier sur la commune de Dembéni. A la fin d’une soirée à la MJC de Tsararano, l’ambiance tourne mal. Des bagarres éclatent et le public présent se disperse rapidement. Il est 2 heures du matin et une femme d’une trentaine d’années demande à un ancien petit ami de la ramener chez elle, à Hajangua, avec deux amies. Ils n’ont plus de relation depuis leur séparation en 2008 mais elle lui fait confiance, malgré la dizaine de bières qu’il a descendues dans la soirée.
L’homme, lui-même accompagné d’un ami, accepte. Ce sont donc 5 personnes qui montent dans le véhicule à Tsararano. Premier arrêt : Hamouro où les deux copines de la victime sont déposées. L’homme poursuit ensuite sa route en direction d’Hajangua.
Elle refuse très clairement
Il est 3 heures du matin lorsque les gendarmes arrivent sur place. Entre-temps, le conducteur a fait preuve d’une rare violence. Désinhibé par son taux d’alcoolémie, il n’a pas déposé son ancienne copine chez elle. Il s’est garé sur le plateau sportif d’Hajangua, un endroit sombre entouré de hauts murs avec une intention très claire : avoir une relation sexuelle avec elle.
Elle refuse, sort du véhicule puis s’engage sur un petit chemin en bordure du terrain de sport. Le chauffeur sort à son tour, la rattrape, l’agrippe aux poignets avant de la projeter au sol et de la trainer sur un talus de gravillons. Les gendarmes constatent qu’effectivement, le corps de la jeune femme est recouvert de poussière et porte de très nombreuses égratignures.
Alors que l’homme s’allonge sur elle, la jeune femme se débat et crie tellement fort que l’ami resté dans la voiture est alerté et se précipite. Il donne des coups de pieds à l’agresseur avant de le prendre à bras le corps pour le séparer de sa victime.
L’agresseur prend la fuite. Il ne sera retrouvé que le lendemain matin.
Une victime qui ne comprend pas
Pendant toute la procédure, le prévenu va changer de nombreuses fois de versions, jusqu’à nier s’être rendu à la soirée à Tsararano. Pas crédible face à une victime qui de façon «réitérée, cohérente et déterminée», selon les mots du président Lameyre, va raconter précisément toujours la même histoire, appuyée par l’ami de l’agresseur qui n’hésite pas à livrer, lui-aussi, la réalité dans ce qu’elle a de plus choquant.
Si le prévenu ne s’est pas déplacé, la victime n’a pas souhaité, elle non plus, venir devant le tribunal demander des dommages et intérêts. Pour connaître son état d’esprit, la cour doit se contenter d’une expertise psychologique réalisée peu après les faits qui indique sa sidération et son incompréhension après une telle agression.
Le tribunal lui a donc rendu justice. En plus de la peine prononcée, l’homme sera également inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, le FIJAIS, qui recense à l’échelle nationale les délinquants sexuels.
A noter qu’il avait déjà été condamné à cinq reprises pour conduite sans permis, ce qui était également le cas ce soir-là.
RR
Le Journal de Mayotte
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