Les salariés de l’entreprise Colas sont en grève depuis lundi. Mais les conventions signées dans le cadre de la Fédération qui gère le BTP s’invitent au mouvement.
Ce mercredi à la Direction du travail, les salariés grévistes CGT Ma, CFDT, CFE CGC et FO ont suspendu brutalement les négociations. «La direction demande en préambule que nous libérions l’accès à l’entreprise, nous refusons», indique Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT Ma.
Hier pourtant, les négociations avaient abouti sur plusieurs avancées : le 13ème mois et l’accès aux tickets-restaurant de 8 euros, dont 4,80 euros pris en charge par l’entreprise, mais soumise au déblocage ce mercredi de l’entreprise située à Kawéni.
Ces deux points n’ont pas été négociés avec la société Colas, mais avec la Fédération Mahoraise du Bâtiment et travaux publics (FMBTP). En effet, celle-ci avait déjà signé il y a un an une convention collective appliquée en fonction du code du travail à Mayotte. Chaque évolution ne concerne donc pas uniquement l’entreprise qui la négocie, mais l’ensemble de la branche du BTP : «sinon, toute avancée sociale, donc une charge pour l’entreprise, peut pénaliser celle qui l’accorde lors des réponses aux appels d’offre», explique Naoioui Mohamed, président de la FMBTP.
La CGT Ma non signataire de la convention collective
C’est pourquoi le 13ème mois, «au prorata du temps travaillé», et le ticket-restaurant ne sont pas encore acquis, mais sont des propositions émises par la Fédération du bâtiment et qui doivent être validées par la Dieccte, la direction du travail. L’ensemble du secteur doit en effet y être favorable.
«Sous cette réserve, le 13ème mois sera appliqué automatiquement aux entreprises de plus de 40 salariés. Pour les autres, un rattrapage progressif, à raison de 15% par an, est envisagé», rajoute Naoioui Mohamed. Après validation de l’Etat, ces avancées seront rajoutées sur la convention collective.
Problème, la CGT Ma qui mène les négociations au sein de l’Intersyndicale, n’a pas signé cette convention il y a un an : «nous restons sur notre idée de décliner la convention collective nationale», indique Salim Nahouda. Mais pour la FMBTP, toute acceptation d’une avancée, est dépendante de la signature de la convention collective…
Mener le juste combat
Les grévistes demandent également une modification des contrats de chantiers. Ces contrats qui ne durent que le temps du chantier existent aussi en métropole, mais selon Salim Nahouda, leur caractère précaire, comme ceux de l’intérim, est contrebalancé par une rémunération plus importante, «sauf à Mayotte». Sur ce domaine, la FMBTP s’est déclarée incompétente, «c’est à l’Etat de trouver une solution», déclare Naoioui Mohamed.
Dernière revendication, l’augmentation de l’ensemble des salaires, doit correspondre là aussi à l’ensemble de la grille de salaire du BTP, quoique chaque entreprise ait une marge de liberté. «Un combat perdu d’avance est un combat qui n’a pas été mené», déclare un Salim Nahouda motivé.
On ne sait pas encore si les négociations reprendront aujourd’hui, mais Naoioui Mohamed, qui avait dû s’absenter, sera de retour demain autour de la table des négociations.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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