26.9 C
Dzaoudzi
samedi 23 novembre 2024
AccueilFaits divers3.839 heures supplémentaires non payées: une société de sécurité en justice

3.839 heures supplémentaires non payées: une société de sécurité en justice

CARNET DE JUSTICE DU JDM. A la tête de son entreprise de sécurité, le patron avait oublié de déclarer les heures supplémentaires de quelques-uns de ses salariés. Six d’entre eux sont allés signaler leur cas à la direction du travail de la Dieccte, et la procédure était lancée. Un an et demi après les faits, voici l’entreprise et son chef devant le tribunal correctionnel.

TGI Mamoudzou salle d'audience entréeOn ne parle pas de quelques heures sup’ oubliées par-ci par-là. C’était bien un système mis en place par l’entreprise dans son fonctionnement quotidien. Tout au long de l’année 2013, ce sont 3.839 heures qui n’apparaissaient pas sur les feuilles de paye des 6 salariés, certaines avec des cotisations sociales habituellement majorées à 25% et d’autres à 50%… soit tout de même, une moyenne de plus de 53 heures par salarié et par mois.

Un marché trop concurrentiel

L’entrepreneur fut plusieurs fois appelé par la Dieccte, des rendez-vous auxquels il avait délégué une secrétaire. C’est finalement à une convocation des gendarmes qu’il a fini par répondre pour expliquer simplement la situation : «Dans le cadre de mes activités de surveillance, compte tenu des risques et de la concurrence, les coûts de revient sont compris entre 12,75€/heure et 13,10€/heure. Et le prix de vente est de 13,35€/heure. C’est pour cette raison que nous n’avons pas la possibilité d’appliquer le régime des heures supplémentaires».

TGI MAMOUDZOUEn clair, le marché de la sécurité est tellement concurrentiel qu’il pousse les sociétés à frauder pour pouvoir survivre. D’ailleurs, malgré ces manquements, les chiffres des bilans de la société ne laissent apparaître que des bénéfices très réduits voire des déficits pour quelques milliers d’euros.

L’amertume des anciens salariés

Les salariés assistaient à l’audience ou plutôt les anciens salariés car depuis, l’activité a été reprise par une autre société de sécurité qui a licencié les personnes. Le patron, lui, n’est pas venu à la barre, pour raison médicale. «Il essaie d’échapper à la procédure car il sait que l’infraction est caractérisée», plaide Me Soihili, l’avocat d’un des salariés, qui mène également une procédure devant le tribunal de travail.

Me Saliceti, nouvellement arrivée à Mayotte, défendait les 5 autres prévenus. Elle demandait 5.000 euros au titre du préjudice moral.

«L’amertume des salariés est partagée par le parquet», indiquait la procureure Prampart en préambule de ses réquisitions, mettant en avant le préjudice pour les salariés mais aussi la situation de concurrence déloyale que cela induit pour les entreprises qui respectent la législation du travail. Sans parler du manque de cotisations pour la sécurité sociale qui se monterait à près de 40.000 euros.

Panneau salle d'audience TGI MamoudzouLa procureure demande 20.000 euros d’amende dont la moitié avec sursis pour l’entrepreneur et 25.000 euros d’amende dont 10.000 euros avec sursis pour la société.

Formalisme et le développement

Me Kondé qui avait en début d’instruction longuement plaidé pour obtenir la nullité des citations et de la procédure, a mis en avant l’état d’un secteur condamné à la concentration jusqu’à peut-être tomber entre les mains d’un tout petit nombre d’acteurs. «Le secteur de la sécurité a vécu de véritables tsunamis de réglementations depuis la mise en place de l’obligation de carte professionnelle en 2008», défend-il.
Pour lui, au-delà des textes, «il faut trouver un juste équilibre entre le formalisme et le développement économique nécessaire».

La société a été condamnée à 5.000 euros d’amende et l’entrepreneur à la même somme mais avec sursis. Faute de justificatifs, les dommages et intérêts pour préjudice moral des anciens salariés sont écartés par le tribunal. La société et son patron devront tout de même verser 1.000 euros de frais de justice aux 6 victimes.
Le combat des anciens salariés de la société de sécurité va maintenant se poursuivre devant le tribunal du travail.
RR
Le Journal de Mayotte

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139126
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139126
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139126
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139126
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139126
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139126
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...