Les fonctionnaires ont manifesté ce matin dans les rues de Mamoudzou toujours pour protester contre la fiscalisation de leur prime d’éloignement. Une grosse bousculade a eu lieu devant la préfecture.
“C’est l’énergie du désespoir”, les mots d’un des porte-paroles de l’intersyndicale, Frédéric Muller, représentant FSU à Mayotte, témoigne de l’exaspération ressentie par les manifestants à l’issue de l’action du jour.
Un cortège qui rassemblait entre 700 personnes selon la police et 1000 selon l’intersyndicale, s’est élancé vers 10 heures de la Place de la République. Les manifestants ont pris la direction de la rue du commerce avant de rejoindre le vice rectorat, où un cordon de gendarmes protégeait l’entrée du cœur administratif de l’Éducation nationale à Mayotte. Comme prévu dans leur programme, les fonctionnaires, revendiquant la non-fiscalisation de leurs indemnités d’éloignement, se sont ensuite dirigés vers la préfecture où plusieurs dizaines de policiers et gendarmes les attendaient devant des barrières mobiles verrouillées par des chaînes.
“On veut voir le préfet !”
À une cinquantaine de mètres de la préfecture, après deux heures de marche sous un soleil brûlant, ils voulaient remettre en main propre des demandes de départs anticipés au représentant de l’État. “On veut voir le préfet !”, ont-ils scandé. Quelques dizaines de personnes ont alors poussé les barrières et les policiers et gendarmes qui se trouvaient derrière. Des collègues sont face à eux. “On comprend le mouvement, nous sommes aussi concernés, ça ne sert à rien de forcer”, a-t-on pu entendre lors du bref face-à-face, d’hommes en uniforme et de manifestants.
Si les forces de l’ordre ont essayé de contenir la foule, ils n’ont pas fait usage de matraque, ni de gaz lacrymogènes. “Après presque deux semaines de mouvements, certains ont un peu levé le pied, alors d’autres passent au niveau supérieur” analyse Frédéric Muller après que les manifestants se soient dispersés d’eux-mêmes aux alentours de midi.
Suppression du “différentiel logement” ?
L’odeur de gaz est plutôt venue d’une rumeur qui s’est diffusée comme une trainée de poudre dans le cortège. Le “différentiel logement” dont bénéficient les fonctionnaires d’État à Mayotte serait supprimé dès le 1er janvier 2014. Il s’agit d’une aide au logement d’un montant d’environ 50 à 300 euros par mois, calculée en fonction du montant du loyer et du niveau de rémunération des fonctionnaires. “On apprend tous les jours de mauvaises nouvelles de façon insidieuse. La confiance est définitivement rompue”, tempête Quentin Sedes, CGT Educ alors que 250 “demandes de départ anticipé viennent d’être remises au directeur de cabinet du préfet, Jean-Pierre Frédéric.
Le représentant du représentant de l’État concède à mots cachés, la future suppression de cet avantage. “Le différentiel logement n’existe pas dans les départements d’outremer”, a-t-il répondu, laconique, aux représentants de l’intersyndicale venus lui remettre les demandes de départ anticipés derrière le cordon de force de l’ordre et à l’abri des grilles de la préfecture.
“On n’a rien obtenu c’est le moins que l’on puisse dire ! On perd encore un avantage”, déplore Thierry Wuillez, co-secrétaire général départemental du SNES.
L’intersyndicale n’a pas obtenu de réponses définitives sur la fiscalisation des indemnités d’éloignement pour l’année 2013 et regrette l’absence de négociations de la part du gouvernement.
“Il n’y a rien de fiable, on ne sait pas quelles sont les conditions d’exercice de notre métier. Les départs vont être massifs et les collègues métropolitains ne viendront plus”, se désole Quentin Sedes encarté CGT Éducation. Une assemblée générale de l’intersyndicale a lieu cet après-midi afin de décider des suites à donner au mouvement.
Axel Lebruman
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