La direction de la SOMACO n’a pas tardé à réagir au préavis lancé par les salariés FO de l’enseigne… pour souligner que la plupart des revendications sont déjà appliquées. Une rencontre s’est tenue avec les représentants du personnel samedi. Le dialogue avec notamment le secrétaire départemental du syndicat doit véritablement commencer aujourd’hui.
Un préavis de grève illimité touchant la chaîne de supérettes SOMACO a été déposé la semaine dernière pour le 13 juillet. Un laps de temps assez long, qui doit permettre aux partis de nouer le dialogue pendant cette période de ramadan.
Il porte sur huit points principaux, dont plusieurs ont été repris par la direction dans un communiqué envoyé samedi aux médias. Aziz Sam Akbaraly y précise que plusieurs revendications sont déjà en place.
Ainsi, la grille de classification et de salaires, « la qualification de chaque salarié est indiquée sur chaque bulletin de salaire sous forme de code », le paiement des heures supplémentaires « est apparent sur les feuilles de salaires », le temps de travail «est respecté et ne dépasse pas les 39 heures», la remise des bulletins de paie « dans nos bureaux à chaque heure de la journée la première semaine du mois », et leur paiement avec « une date limite de virement le 5 de chaque mois », les heures d’ouverture des magasins le dimanche, « elles sont affichées dans chaque boutique ».
Commencer par se mettre d’accord sur les acquis
Il en va de même pour les congés paternités, « jamais aucun n’a été refusé » ou des chaussures de sécurité, « distribuées à tous les salariés ». Seule la négociation annuelle obligatoire n’est pas mise en place, « elle est en cours d’organisation », précise la direction.
Une dizaine de points décriés par le syndicat seraient déjà appliqués dans l’entreprise… Voilà qui pose problème quant à la compréhension ou la communication entre salariés et direction. « En réalité, nos plannings travaillés portent sur 42 voire 52 heures hebdomadaires, dépassant largement les 39 heures avancées par la direction », corrige Taanlabi, délégué FO dans l’entreprise. Un désaccord sur les chiffres qui devrait être débattu aujourd’hui, « nous rencontrons la direction cet après-midi », nous indique El Anziz Hamidou, secrétaire départemental de FO.
La bienvenue « absolution de l’esclavage »
Comme le seront les axes qui ne relèvent pas des obligations légales, ainsi que le fait remarquer Aziz Sam Akbaraly : « la loi n’impose pas le paiement du temps de pause qui, par définition, n’est pas du temps de travail effectif (…) ni le paiement d’un 13ème mois de salaire, de chèques déjeuner, d’installation de climatisation dans les magasins, la mise à disposition dans chacun d’entre eux d’un agent de sécurité. » Il en va de même selon lui pour le temps d’habillage et de déshabillage.
Enfin, dans l’avant-dernier point demandé par le syndicat, et repris tel quel par la direction, s’est logé un joli lapsus, puisqu’il est demandé que soient payés plusieurs jours fériés : Noël, Ide el Fitr, la Maoulida et le 27 avril, « absolution de l’esclavage », et non « l’abolition ». L’absolution étant l’effacement d’une faute par le pardon, habituellement accordée par un prêtre, on comprend pourquoi tout le monde est heureux de la fêter…
Plus sérieusement, rappelons que seules quatre fêtes doivent obligatoirement être payées et chômées à Mayotte : le 1er janvier, le Lundi de Pâques, le 1er mai et l’Ide El Kébir. Une réflexion sur ces journées légales qui privilégient le lundi de Pâque à Noël et l’Ide el Kébir à l’Ide el Fitr, mériterait peut-être d’être engagée.
Le dialogue entre patron et salariés devra s’ouvrir sur une mise à plat des acquis qui ne le sont pas pour tout le monde.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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