Les services météorologiques d’Australie ont averti fin mai que le phénomène El Niño, qui peut engendrer d’importantes perturbations du climat, avait fait son apparition dans le Pacifique tropical et pourrait être fortement ressenti cette année. La sécheresse qui avait frappé Mayotte en 2011 lui avait été imputée.
Le phénomène El Niño est lié à l’inversion de la température des eaux du Pacifique-est, proche du continent Américain. Leur température y est habituellement plus froide, l’eau de surface, plus chaude, étant chassée vers le Pacifique ouest (côtes asiatiques) par les alizées (vents qui soufflent d’est en ouest).
Lors d’alizées plus faibles, ces eaux plus chaudes de 4 à 6° restent du côté nord américain, déstabilisant le climat de la région, avec des répercussions mondiales. C’est ce réchauffement que les pêcheurs péruviens auraient appelé El Nino, en référence à l’enfant Jésus, ce phénomène atteignant son apogée au moment de Noël.
A la fois sécheresse et inondations
Il se produirait tous les deux à sept ans selon les experts qui estiment qu’il y a entre 80 et 90% de chances que ces conditions se maintiennent pour s’installer à la fin 2015. Plusieurs médias nationaux ont rapporté cette inquiétude ces derniers jours, dont le journal Les Echos, qui titre « El Niño revient chambouler les perspectives de récoltes agricoles ».
Car les Etats-Unis, le Japon et l’Australie aussi s’inquiètent des conditions météorologiques actuelles, propices au retour du phénomène cette année. Des conséquences dramatiques pour commencer, puisque plus de 20.000 décès lui serait imputés du fait des cyclones, inondations ou épidémies qu’il provoque.
« Des milliards de dollars de dégâts économiques » ensuite, tel que le souligne l’article. Des impacts tant en Indonésie et en Océanie avec une sécheresse accrue, qu’au Sahel, où elle sévit déjà, ou qu’en Amérique latine où les précipitations sont au contraire abondantes, provoquant des inondations.
Des impacts dans les semaines qui viennent
Avec des premiers impacts attendus dans les semaines qui viennent, sur la récolte de blé en Australie, 5ème producteur mondial, en Inde, sur la canne à sucre ou sur le café au Vietnam.
A Mayotte, le dernier épisode d’El Niño en 2010 avait correspondu avec la période de forte sécheresse et de quasi pénurie d’eau de 2011. Les réunions de crise se succédaient et la préfecture avait pris un arrêté de restriction, l’envoi de tankers avait même été envisagé. Le lien n’a pas été prouvé, mais la carte produite par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) prouve que notre zone est impactée, très proche de la zone de sécheresse malgache.
Depuis, des liaisons ont été créées entre le nord et le sud de l’île, et des campagnes de forage menées par le Sieam, Syndicat des Eaux et d’assainissement de Mayotte. Mais la population s’est également accrue, et les nombreux défrichages ne favorisent pas l’infiltration des eaux de pluie vers les nappes aquifères.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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