La population de l’île continue de croître fortement, alors que le chômage s’aggrave. La charge par salarié se fait plus forte. La seule perspective d’avenir est donnée par le Plan Mayotte 2025.
La population au 1er janvier 2014 est de 220.313 habitants sur l’île, indique la préfecture de Mayotte dans le document «Mayotte 2025». Non qu’il y ait eu un nouveau recensement ou une actualisation annuelle comme cela se fait à La Réunion, mais parce qu’a été automatiquement appliqué le rythme moyen de croissance de la population de 2,7% par an, donné par l’INSEE. Elle est de 0,6% en métropole.
On peut en tirer deux conséquences immédiates : l’une concerne la densité, l’autre le taux d’activité. Notre département est en effet l’un des plus denses de France après les départements franciliens. En nous basant sur le chiffre controversé du recensement de 2012 qui donnait 212.645 habitants en août 2012, nous serions donc passés en un an et demi d’une densité de 570 habitants au kilomètre carré, à 590 hab/km2 en 2014.
Un Mahorais sur deux vivant dans le nord-est de l’île, la circulation, déjà peu fluide, va devenir ingérable.
Le produit intérieur brut par habitant a très fortement augmenté ces dernières années, en grande partie grâce aux réévaluations successives du SMIG (et non du SMIC comme indiqué dans le document cadre), avec des rattrapages à deux chiffres certaines années (+17% en 2007), accroissant la consommation, donc les besoins. Malgré cela, un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, et «un tiers de la population en âge de travailler n’a pas d’emploi et 80 % des demandeurs d’emploi ont un niveau de formation inférieur ou égal à la classe de 6ème», rappelle le document Mayotte 2025.
Une charge plus lourde par salarié
Or, l’INSEE nous dit qu’en 2014, la hausse de l’emploi est insuffisante pour absorber l’arrivée de nouveaux actifs sur le marché du travail à Mayotte. En conséquence, le chômage au sens du BIT (Bureau International du Travail) progresse légèrement et concerne 19,6 % de la population active. Avec 1.100 chômeurs supplémentaires, le seuil des 10.000 chômeurs est dépassé.
Mais surtout, le taux d’activité avoisine 32% en 2013 pour les 15-64 ans (71,1% pour la France métropolitaine), situant le niveau de chômage à mi-chemin entre les 20% du BIT et les 68% d’inactifs, soit environ la moitié de la population active.
La population active, dont le chiffre de 39.000 en 2013 s’est donc dégradé, doit alors supporter une charge plus importante, un salarié faisant vivre 5 à 6 personnes.
Alors oui, plus que jamais, Mayotte 2025 doit être vu plus comme un simple rattrapage, mais comme un plan de développement économique et social, et doit participer à l’élaboration de propositions concrètes, par exemple sur la mise en place de l’intérim, pourvoyeur d’emplois, ou du Plan jeunesse décidé par le président de la République.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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