Si l’association n’a pas respecté les délais de dépôt de dossiers, son président dénonce malgré tout un règlement de compte sur fond d’élections départementales. Du côté de la mairie, on parle de rigueur.
Ce n’est pas une histoire propre à Mayotte : le coup de la subvention qui n’arrive plus lors d’un changement de majorité, c’est du déjà vu.
C’est ce qui incite Ibrahim Mahamoudou à tirer la sonnette d’alarme pour son club de foot, Wana Simba : «Nous attendons depuis le mois de mars que la mairie de Mamoudzou ait terminé d’allouer les subventions aux associations. Mais la nôtre n’est jamais venue et le 1er juillet nous avons eu la confirmation de vive voix en mairie que nous ne l’aurions pas.» Il reconnaît avoir déposé le dossier tardivement, «mais c’est aussi le cas d’autres associations, dont l’AS Kawéni, qui a pourtant été dotée».
Créé en 2008, Wana Simba (lionceaux, en shimaoré), se veut tout autant une structure de pratique sportive que de lien social pour les jeunes : «Au début, après les entraînements, nous assurions le soutien scolaire.» Nichée au cœur de Mamoudzou, elle s’est rapidement développée, «nous avons une centaine de jeunes maintenant. » Une collation est distribuée après les matchs à tous les joueurs, « qui sont répartis en plusieurs groupes d’âge, de U6-U7, les benjamins, à U15, les plus grands. »
A chacun son maire
En 2014, la mairie de Mamoudzou avait alloué une subvention de 3.000 euros, « elle nous permet de financer les déplacements en bus, les repas, le matériel ». Tout ce qui n’est pas pris en charge par ses sponsors occasionnels, Crédit Agricole, SMAE, Sodifram, Jifmar.
Il n’y a pas de doute pour Ibrahim Mahamoudou, cette mise à l’écart est politique. Étonnant puisqu’il rappelle avoir été un des moteurs de la campagne du maire actuel, Mohamed Majani, « j’animais même ses meetings ». Mais une autre élection est passée depuis, et lors des départementales, il soutenait son parti, le MDM, contrairement à Majani. « On a voulu me le faire payer », soutient-il, alors qu’il rapporte les propos entendu dans l’opposition municipale, « bien fait pour toi qui soutenait le maire actuel!» Le verdict des urnes est à digestion lente sur le territoire…
Il est lui-même en tant de contrôleur de bus, agent du conseil départemental, “auprès duquel la mairie a des dossiers qu’elle compte bien faire avancer”, assure-t-il.
Subventionnée sans demande officielle
Nous nous sommes rapprochés de la mairie de Mamoudzou qui invoque bien sûr les délais dépassés, mais en précisant aussi que Wana Simba n’est pas la seule à en pâtir : « Le maire est exigeant sur la procédure. C’est une décision du conseil municipal, et trois autres associations sont dans le même cas », indique Nadjayedine Sidi, adjoint au maire chargé de la politique de la ville, évoquant Wenka culture, « une association dont je fus proche », mais dans laquelle il n’a plus d’intérêt.
Ibrahim Mahamoudou ne comprend pas alors pourquoi certaines associations sont privilégiées : « Rosador de Passamainty, proche de l’adjoint au maire en charge des finances, a obtenu une subvention bien qu’elle n’ait déposé aucun dossier ».
L’octroi de subventions gagnerait en clarté si chacun observait plus de rigueur. De son côté Wana Simba aimerait pouvoir concrétiser ses acquis, «nous sommes 1er sur 10 au championnat de la catégorie U15, et 3ème en U13», et projeter ses jeunes vers leur avenir, «nous devons partir en décembre 2015 à Zanzibar avec nos sportifs pour les faire évoluer, sous réserve d’une aide du conseil départemental ». Il envisage également d’initier le déplacement d’un éducateur à Mayotte, « pour un dépistage de nos jeunes talents».
Nul doute que l’année prochaine, le président de Wana simba déposera son dossier à temps, et du côté de la mairie, le jeu en vaut la chandelle.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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