La mission locale de Mayotte est une exception à l’échelle nationale par le nombre de jeunes et l’ampleur des missions à sa charge. Pour la 1ère fois, elle bénéficie en même temps que la métropole de nouveaux outils informatiques, qui changent la prise en charge des bénéficiaires.
Le logiciel s’appelle i-MiLo, et comme son nom l’indique il a été développé spécialement pour les missions locales. Ce pourrait être un simple outil informatique que l’on change dans l’indifférence mais pour la mission locale de Mayotte, il est l’objet d’une grande fierté. «Pour la première fois, Mayotte a été mise au même niveau que les autres», se réjouit Catherine Zakia Dohounzo, la directrice de la mission locale.
«Cette fois-ci, Mayotte a été associée d’entrée de jeu, complète Omar Souffou, le référent i-MiLo à Mayotte. On a pu apporter nos propres modes de fonctionnement et nos spécificités. Tout ça a été pris en compte avant la mise en production du système». Car à Mayotte, la mission a des dimensions hors normes, très éloignées des standards métropolitains. Un conseiller peut prendre en charge plus de 1.000 jeunes. «En métropole ils sont débordés et ils râlent quand ils en ont 200 !» s’amusent les conseillers mahorais.
La mission locale de Mayotte s’est longtemps sentie délaissée et incomprise tout en étant écrasée sous une mission titanesque : être en mesure d’apporter une réponse aux problèmes sociaux, personnels et professionnels rencontrés par les 11.000 jeunes répertoriés dans la base. D’où l’importance de ce nouvel outil, développé sous l’impulsion du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Complet et efficace
Pour les conseillers, i-MiLo change toute la méthode de travail, au plus grand bénéfice des jeunes qui sont suivis. «On peut très rapidement accéder à toutes les informations sur l’ensemble du parcours du jeune. Et le nouveau système affiche toutes les propositions qui peuvent lui être faites. Le conseiller peut aller plus loin en terme de propositions pour faire bénéficier le jeune de tout ce à quoi il a droit», note Omar Souffou. Efficacité et temps gagné, un outil idéal pour Mayotte où la mission locale déborde.
«En métropole, les conseillers accueillent en moyenne 5 jeunes par jour. Ici, on est sur des moyennes de 20 et donc, tout en prenant le temps d’écouter, il faut essayer d’être le plus complet le plus rapidement possible», souligne Catherine Zakia Dohounzo.
Se faire connaître
Ce changement technique marque donc une rupture pour la mission locale qui, en 20 ans d’expérience, n’avait pas toujours été prise en considération au niveau national. «On nous disait toujours ‘vous n’êtes pas prioritaires’», se souvient Catherine Zakia Dohounzo. «Depuis 6 ans, nous avons fait un gros effort pour nous faire vraiment connaître. Nous sommes présents, nous expliquons ce que nous faisons».
Et ce travail a payé. Pour la première fois, la mission locale de Mayotte a eu à gérer les emplois d’avenir en même temps que toutes les autres missions locales. «Les jeunes qui passent chez nous sont souvent peu formés et les conseillers ont dû apprendre à les valoriser auprès des entreprises mais aussi à travailler en collaboration avec Pôle Emploi. Et nous avons réalisé nos objectifs avec plus de 850 contrats… et on demande même des rallonges !»
Faire avec ses moyens
La mission locale bénéficie d’un budget de 1,6 million d’euros, financé aux trois quarts par l’Etat et à 20% par le conseil départemental, les communes montant peu à peu en puissance comme les fonds européens.
En plus de Mamoudzou, quatre antennes ont été ouvertes à Koungou, Hamjago, en Petite-Terre et à Tsararano «et ce ne sont pas des petites antennes. Elles disposent d’au moins 4 salariés pour prendre en charge les jeunes du secteur avec les mêmes services qu’à Mamoudzou», souligne la directrice. Une égalité de traitement encore renforcée par les nouveaux outils informatiques.
Reste que ces moyens sont bien loin de permettre de traiter convenablement les besoins. Le nombre de conseillers (17 aujourd’hui) devrait être multiplié par 4 ou 5 pour revenir à des ratios acceptables.
D’autant que Mayotte pourrait bénéficier de dispositifs d’accompagnement renforcé pour les jeunes les plus en difficulté… encore faut-il, au-delà des dispositions légales, disposer des moyens humains pour assurer le service.
RR
Le Journal de Mayotte
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